Farm of cotton and alfalfa

[Fédération-Unie]

Farm of cotton and alfalfa
Champs de coton et de luzerne récoltée situés dans le sud de Sun Valley, dans l'Etat de Rochester.

[Braden Tillman]

27/12/172 : Discours de campagne de Braden Tillman
Poursuivant inlassablement sa campagne à travers le pays, Braden Tillman avait décidé de poser ses attachés-cases à Sun Valley pour aller discourir, non dans une salle fermée devant des gens de tout poil, mais avec des agriculteurs et agricultrices en périphérie de Sun Valley. Avant d'ouvrir la bouche, il prit soin d'écouter durant l'après-midi ce qu'avait à dire les gens qu'il rencontrait puis, alors que le soleil brillait nonchalamment, les rayons émanés tiédissant doucement les nuques, il entama devant quelques caméras journalistiques d'aventure placées face à lui, un discours.

Braden Tillman : Chers amis,

Après vous avoir écouté, après avoir vu de mes yeux vu, la réalité de votre terrain, de votre vie quotidienne, de votre labeur, de vos mains, de vos bras et de leurs efforts, je souhaite vous parler des propositions que je défends pour vous,

Je suis convaincu que ce dont je vais vous parler maintenant ne saura que vous satisfaire et améliorer vos conditions de vie. J'ai sur le plan de l'agriculture et de l'agro-alimentaire une vision différente de celle qui est d'habitude annoncée par mes adversaires. Je ne vous vois pas, agricultrices, agriculteurs, comme des retardés, restés dans un autre âge, qu'il faudrait satisfaire par quelques mots mielleux et par cet archaïque honneur de travailler plus de terre que son voisin, ou d'être laborieux. Je ne vais pas vous endormir de mots doux mais de mots durs pour qualifier comme il se doit une profession dure que j'entends par ma politique rendre un peu plus supportable, un peu plus agréable, très modestement.

Premièrement, regardons d'abord la situation de l'emploi pour les agriculteurs et agricultrices. Vous avez un métier difficile, cinq fois plus soumis aux cas de suicides que le reste de la population, avec des revenus versatiles et bien souvent trop bas du fait des prix des productions agricoles et du fait que votre marchandise est soumise aux conditions météorologiques mondiales car lorsqu'un cyclone dévaste un champ de maïs de l'autre côté du globe, c'est le prix du maïs qui augmente au niveau mondial et inversement lorsque des pays s'industrialisent, que les champs s'additionnent et leurs rendements se multiplient, les prix chutent et vos revenus également. Vous vivez donc dans une perpétuelle angoisse et un constant risque du fait de votre métier. Chacun sait qu'agriculteur ce n'est pas une sinécure.
Certes James McCarty préfèrent les vétérans qui donnent leur vie pour nous protéger, mais je suis forcé de lui faire savoir que les agriculteurs et les agricultrices sont bien plus importants que les vétérans et ont une existence bien plus fragile. C'est pour cela que l'agriculture doit être régulée attentivement et que vous ne devez pas subir les fluctuations économiques et météorologiques sans que l'état fédéral ne vous soutienne, il faut vraiment prendre conscience de l'agriculture, de ses problèmes, de la réalité rurale et assumer les missions auxquelles devrait répondre n'importe quel président.

Pour ce faire, justement que faire ? D'abord protéger nos agriculteurs du marché mondial en fermant plus ou moins nos frontières économiques. Importer oui, mais n'importer que ce qui nous importe et qu'on ne produit pas nous même ! Fou le consommateur de Sun Valley qui voudrait importer du coton et de la luzerne d'Ostaria alors que nous avons une ferme florissante à deux pas ! Je n'ai rien contre le Président de Brétigny mais...

Une interrogation générale secoua l'auditoire et on entendit poindre de quelques côtés "who's this guy ?"

Ah ! Alexandre de Brétigny ? C'est le nouveau Président d'Ostaria, le successeur de Plassel.

"Aaaaaah" répondit la foule qui mourrait moins bête pour peu qu'elle mourût avant d'oublier le nom de celui-là qu'elle venait sans doute déjà d'oublier.

Je n'ai rien contre le Président de Brétigny -disais-je- mais nous n'allons pas utiliser des bateaux ou pis, des avions pour faire venir des productions de l'autre bout du monde alors que nous pourrions consommer local ! De fait, les taxations douanières agricoles seront revues à la hausse et à la grande hausse ! Je ne tiens pas à faire dans la demi-mesure et qu'on continue à manger des importations tout au long de l'année. Ce qu'il faut c'est garantir à nos agriculteurs, c'est vous garantir que vos productions seront achetées à un prix juste et que vous en soyez au point de ne plus savoir à quel saint vous vouez pour être rentable. C'est pour cela que président, j'imposerais aux cantines des écoles, des entreprises, des maisons de retraite, des administration et aux restaurants à l'exception des menus proposant des spécialités étrangères, d'utiliser des produits fédérés. Voilà la garantie que je vous offrirai pour que vous puissiez dormir la nuit. Et pour que ça soit sur vos deux oreilles, j'ajoute que le prix des productions agricoles sera réglementé en fonction de la productivité de chaque production et selon les tailles des parcelles que nous serons amené à redéfinir. Vous savez tout autant que moi qu'il est néfaste pour un seul homme de devoir s'occuper de trop grandes parcelles. C'est pour cela qu'une agence fédérale s'occupera de racheter des terrains aux trop grandes exploitations pour les vendre à bas prix à de jeunes agriculteurs.
Tous nos citoyens gagnent à consommer localement. Vous pourrez mieux vivre si on vous achète à juste prix avec peu de transport, et les consommateurs auront une consommation de qualité.

Parce que c'est le second engagement que je tiens à tenir devant vous. Si vous m'élisez comme président, je mettrais en place une loi agricole qui réglementera sévèrement les produits et machines utilisables. Parce que ce n'est pas normal qu'on vous impose de travailler dans les champs avec des produits phytosanitaires mortels à long terme et que vous devez répandre sans protection adéquate ou suffisante pour vous protéger. Et pire, il est inadmissible pour nos consommateurs, pour vous en première ligne, de devoir répandre des produits toxiques sur la première source d'alimentation de nos concitoyens, pour des questions de rentabilité, de compétitivité et de concurrence. Mais est-ce vraiment ça que vous voulez pour votre avenir ? Continuer à épandre des produits toxiques sur ce que vous mangerez, avec des protections insuffisantes qui mettent en danger votre vie ? Non, soyons sérieux deux minutes, ce qu'il faut c'est cette loi agricole pour interdire la vente et l'usage de produits phytosanitaires dans les champs fédérés ! Parce que la seule raison qui vous pousse encore à le faire c'est pour obtenir de plus grosses récoltes parce que les prix agricoles sont mondialisés et non-représentatifs du labeur fourni, ni des besoins monétaires des producteurs. Mais avec ce que je vous propose, avec la fixation des prix et les mesures protectionnistes que je porte, vous ne subirez plus cette pression ignoble qui revient à chaque fin de mois.
Dans le but d'améliorer la fertilité de la terre naturellement, car vous savez comme moi que l'usage de produits phytosanitaires dont nos industriels sont si friands, ne fait que donner un coup de fouet aux sols ce qui les épuisent à long terme et les rend infertile ! Voilà ce qui vous attend à trop user de produits chimiques douteux, et c'est pour vous éviter ce drame que certains agriculteurs ont déjà connu, de voir toutes leurs récoltes disparaître parce que leur champ était à bout de souffle, pour vous éviter cette misère qui vous cerne, je viens défendre premièrement la fin des produits phytosanitaires comme je l'ai déjà dit, mais deuxièmement une grande campagne de réemploi dans le monde agricole pour limiter l'usage des véhicules et tracteurs qui réduit la fertilité de la terre du fait du compactage, tout comme le labour le fait en une fois, l'usage régulier de machines l'opère petit à petit, sans compter la dépense immense que vous jetez chaque année dans le pétrole de vos machines. A la fois dans une visée écologiste et humaine, je m'engagerais donc d'ici la fin de l'année 173 à mettre en place, pour ne pas alourdir vos dépenses, un plan d'emplois aidés pour le monde agricole à hauteur de 1,62 milliard de Thaler, ce qui représentera 100 000 travailleurs agricoles payés par l'Etat fédéral pour vous venir en aide, pour lutter contre le chômage et pour rendre le monde rural de nouveau attractif ! Car ces emplois seront le modèle que je souhaite donner à notre pays au terme du premier mandat qu'il me serait donné d'accomplir : 35 heures payées à 9 Thalers de l'heure !

Vous voyez maintenant plus clair dans mon programme, et j'espère qu'il vous satisfera agriculteurs comme consommateurs.
J'espère avec ces mesures directes faire du métier que vous exercez une charge un peu plus supportable. Ce n'est pas en flattant ou en allant caresser le cul de vos vaches que l'on fera baisser le taux de suicide énorme des agriculteurs et agricultrices, que l'on fera augmenter un tant soit peu vos conditions de vie, vos revenus mensuels fluctuants, qu'on vous garantira de bien dormir la nuit en sachant que demain sera un lendemain qui chante. Pour tout cela, il faut agir et c'est ce que je me propose de faire, contrairement à d'autres qui préfèrent vous dire des mots doux, voire qui n'ose même pas venir voir en face, la réalité de ceux qui les nourrissent chaque jour avec une ardeur obstinée !

Mais n'allez pas croire que ce sera tout ce que vous aurez, car je compte bien offrir à tous une vie meilleure sur la question de la santé et de la retraite mais bien sûr, je ne vais m'attarder ici pour en parler, j'en ai déjà trop dit et je ne sais pas comment vous vous retenez de ne pas vous endormir.

Rires de la part du public. Ceux qui écoutent depuis le début rigolent à gorge déployée, ceux qui dormaient les paupières ouvertes rient nerveusement et ceux qui gobaient des mouches sourient en plissant bien les yeux, croyant bluffer mais ne trompent personne.

Fédérés, fédérées, je vous remercie de votre attention et vous laisse à vos occupations qui sont de grandes occupations et deviendront des préoccupations nationales si en 173 vous faîtes les bons choix.

Merci à vous, bonne continuation et mangez de la luzerne !

Braden se rendit compte que sa phrase aurait mieux fonctionné dans un verger, mais comme le coton ne se mangeait pas et que la luzerne si, en salade et que c'était d'ailleurs très rafraîchissant, il se dit que ça avait au moins le mérite de faire rire quelques agriculteurs, et que ça passerait bien chez les bobos, gauchiasses, hipsters et autres babos mangeurs de graines et de salades. Il rejoint son équipe et s'en alla ensuite poursuivre sa campagne.

[Victoria Barrett]

Devenue la plus sérieuse challenger du candidat vakéministe Braden Tillman, Victoria avait décidé de multiplier les petites actions de campagne pour être plus vue et convaincre d'autres électeurs que les sympathisants de ses meetings. En visite dans cette exploitation agricole, elle discuta longuement avec les agriculteurs et quelques riverains qui avaient fait le détour pour la candidate. Après plus d'une heure d'échanges, elle alla à la rencontre de la presse.

Barrett : Je suis venue ici pour dire aux agriculteurs, souvent inquiets lorsque des candidats écologistes s'approchent du pouvoir, que l'agriculture a largement sa part dans mon programme. Je créerais un fond pour aider les agriculteurs voulant se lancer dans la transition écologique en réduisant par exemple l'épandage de pesticides. Les 5 milliards de Thaler que je propose seront annuellement répartis sur dossiers si ils permettent des avancées en matière de transition écologique, de conditions salariales ou encore de mutualisation de moyens agricoles. Bref, j'assume de porter un programme écologiste mais je ferais tout pour qu'il ne porte pas préjudice aux agriculteurs fédérés, voir qu'il puisse leur bénéficier.

Victoria s'adonna ensuite à quelques selfies avant de monter dans sa voiture pour reprendre sa campagne.