Au cœur d'une petite salle, arrosée de lumière prodiguée par des lustres, se déployaient trois tables disposées en U comme l'aimaient les anciens. Les invités conversaient à voix douces, dans l'attente respectueuse de l'hôte qui était attendue. Si bien que l'on entendait davantage la voix des flûtes, des violons et des instruments en tous genres, sous les doigts ondoyant d'un petit orchestre au balcon qui jouait une charmante musique d'ambiance.
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En attendant le Gouverneur, les quelques invités qui se trouvaient à proximité du Sénateur Astor disputaient son attention en une joute de sourires et de subtils traits d'esprit sur à peu près tout ce qui leur passait sous les yeux. Le ballet des coupeurs de viandes, des serveurs et des jeunes serveuses se préparaient déjà à orchestrer le défilé des plats chauds et froids, salés et sucrés confondus.
Sur les nappes immaculées attendaient des carafes de sirops, d'eau, d'hypocras dans des carafes d'un verre le plus fin. Se déployaient autour des plateaux de fruits de mer, de melon arrosé d'une abondante sauce subtilement alcoolisée, auxquels succéderaient les tourtes de légumes et les vanaisons de toutes sortes. Le fumet du grillé embaumait l'endroit. Un prêtre attendait quand à lui l'arrivée du gouverneur pour bénir l’ensemble des buffets et donc le repas debout, dans un coin discret, il ferait son office en temps venu.
De toute sa stature moyenne, le sénateur Astor semblait habiter pleinement sa table, point de convergence d'une myriade d'yeux. Les plis de sa nappe au velours blanc tombaient autour des jambes et le long de son siège. Il scrutait chacun de ses intenses yeux des autres invités. Tout semblait fait chez lui pour porter sur les épaules - et à son visage impassible - le prestige de sa fonction. Il gardait même dans son grand âge une grande majesté dans ses traits, qu'il aimait croire empruntée à la statuaire présidentielle ou du moins tentait d'en approcher.
Le Sénateur attendait avec hâte son petit-fils afin que la réception commence enfin.
On lui avait longuement présenté le menu, on vantait son opulence, son raffinement.
Mais le Sénateur se demandait surtout les projets qui avaient motivé un tel événement, surtout dans l'esprit de son petit Daniel. Avait-il des plans ? Il lui tardait de mettre un visage, une attitude, des paroles sur la question.
Un secrétaire de la maison du Gouverneur frappa finalement contre la porte de la salle et annonça :
- Monsieur le Gouverneur de Sealand, Daniel Astor !
Modifié en dernier par Dante Astor le lun. 8 mars 2021 03:34, modifié 1 fois.
- Monsieur le Gouverneur de Sealand, Daniel Astor !
Et voilà que tous se levèrent pour accueillir son frère, sous l’œil d'aigle d’Elias qui soutenant toute l'attention de l'assistance alors que lui seul ne bouger pas de son siège, c’était son frère, Gouverneur ou pas, il ne ferait pas preuve de simili soumission comme les autres, ainsi il resta droit pour l'accueillir comme son égale.
Les membres du gouvernement Sealandais avaient précédé l'entrée de Daniel, offrant déjà un prélude à cette présence majestueuse mais aussi vivante comme une peinture du raffinement de la jeunesse même, non pas que Elias en pincer pour son frère, mais nier sa beauté était vraiment une bêtises.
Leurs visages se tournèrent en même temps que tous les autres, comme pris dans un unique coup de vent soufflant sur cette salle, vers la porte où apparaissait le Gouverneur. Sa tenue blanche rayonnait autant que la distinction de ses manières tandis qu'il avançait pour saluer les invités sous le regard vide d'Elias avant que Daniel ne s’approche de lui.
- Je suis heureux que tu sois ici mon frère, reprit Daniel. Ensuite le Gouverneur se tourna vers l’assemblée pour dire à haute voix. J'espère être à votre hauteur et digne de l'honneur que vous faites à ma demeure par votre présence. Mais plus encore j'espère que chacun d'entre vous a fait un bon voyage.
Tout autour, le protocole du banquet commençait déjà. Les uns et les autres s'asseyaient, ne manquant rien des paroles échangées entre le Gouverneur et les membres du Gouvernement, dans l'indifférence d’Elias. Le prêtre approcha pour bénir le festin de quelques mots de constantin murmurés, qui furent accueillis d'un chapelet de signes de croix et de têtes momentanément inclinées. Le Grand Maîtres d'Hôtel commanda que les serveurs fassent discrètement leur office et amenèrent un peu chacun des plats dont on allait régaler les invités de la salle, mais aussi dans les jardins ou les gens moins importants participaient.
Le long des trois grandes tables, Daniel observait la garniture de la table - riche de parures florales, bien centré dans un petit ensemble central…
Elias lui releva lentement le visage une fois la bénédiction achevée et laissa les autres invitées se servir parmi les nombreux plats. Près des vaisselles luisantes attendaient de petites fourchettes à deux dents - revenues au goût du jour grâce à son frère qui avait la drôle de lubie de préférer cela à une fourchette normale, ainsi dans un beau début, le festin débuta.
Modifié en dernier par Elias Astor le lun. 8 mars 2021 03:34, modifié 1 fois.
Alexander Astor qui discuté avec son père Dante apprécia d'entendre que le voyage s'était déroulé sans ennui pour lui Il y avait disait-on, tant de soucis dans les petites villes d’ici à St-Paul et tellement de politiciens pour en faire les frais... Pourtant les hommes de l’ordre faisaient régulièrement des descentes et des surveillances, cependant les soucis comme on les nommait, trouvait toujours un moyen pour revenir ponctuellement et il eut été scandaleux qu'une attaque de cette nature se produise sur un Astor probablement pour de l’argent.
Les polices de l'État avaient bien nettoyé les environs ces derniers temps, fallait-il croire.
Daniel Astor quant à lui adresser un regard déférent aux dames à sa table alors qu'Elias lui en faisait compliment, comme pour l'appuyer. Sa propre épouse ne se déplaçant que rarement, Alexander se laissa lui aussi a faire des compliments sur à peu près tout avant de dire à son fils et Gouverneur.
- Il nous tarde de savoir pourquoi tu nous à tous réunis ici Daniel. J’espère que ce n’est pas pour ton aventure que je ne connais que depuis ta bouche depuis trois années, sans rencontre la réponse sera non mon fils, peu importe si c’est un homme ou une femme, bien que tu connais les attentes de ta famille.
En vérité Alexander n'avait pas manqué de se faire documenter sur les affaires Danielesque (comme il nomme les histoires de son fils hors mariage). Devant le silence du gouverneur, il se décida à revenir vers des sujets politiques susceptibles de les occuper. Notamment d’accord avec d’autres états de la fédération, des relations diplomatiques avec cet autre état de TR par exemple - voila un projet qui le faisait rêver - mais malheureusement ce n’était pas lui le gouverneur, son fils l’ayant devancé.
Ce détail n’était à ne pas négliger, d'autant plus quand le grand-père et le petit-fils s'avéraient semblait-il si uni dans leurs décisions contre ces propositions. Mais de toutes ces réflexions, Alexander ne dit rien, il se contenta de dire merci à son fils pour la réception.
Et le repas commença, après les bénédictions et les rituels religieux où Alexander ne manqua pas de noter la piété d’une grande majorité des invités. Lui-même avait joint les mains et donné toute l'apparence de la dévotion qu'il s'appliquait à faire respecter en tous lieux de chez lui et dans son entreprise, davantage comme bon moyen de canaliser et de maintenir un ordre que par entière et profonde conviction au secret de son cœur. Sous son masque, le vieil Astor était de ceux qui souvent doutaient et s'interrogeaient, c'était le moins que l'on puisse dire sur l'existence du Sort.
Modifié en dernier par Alexander Astor le lun. 8 mars 2021 03:33, modifié 1 fois.
D'un sourire des plus courtois, il remercia son père pour ses compliments quant à la qualité de la réception. Tous les moyens avaient été déployés, des meilleurs maîtres d'hôtel aux meilleurs musiciens, sans oublier les imposants morceaux de bois à cuire dans une cheminée rougeoyante où les flammes projetaient leurs reflets dansants sur les trois grandes tables, tout en se servant, il discuta avec son grand-père.
- Par quels aspects le Sénat a-t-il su retenir ton intérêt grand-père ?engagea le gouverneur entre deux morceaux d'une viande délicatement rôtie.Tu y arrives en une période bien riche d'émotions et de changements politiques, entre la toute récente chute du parti et le renforcement de nos adversaires conservateurs un peu partout. En cela d'ailleurs je ne peux que saluer le profit de ta nomination pour la famille, tu avais raison en te proposant.
Les récentes évolutions politiques avaient retenu tout l'intérêt du gouverneur Astor. Le "nouveau Monde" comme il l’appelait tend trop vers le PC... Il distribuait lui-même quelques cartes, apportait quelques perspectives au sénat de par ses pouvoirs de gouverneur... mais drainait aussi son lot de questionnements sur sa personne quant à la nature de ces nominations et la manière dont il fallait les traiter.
Le gouverneur le savait pour lui c’était insuffisant pour sauver le PP, pour sa part il veillait actuellement à assurer ses bases de soutiens... surtout dans la mesure où il commençait à se murmurer des rumeurs quant à une possible candidature aux primaires. Au départ ce n’était pas le cas, Astor avait réellement envie de quitter humblement son gouvernorat avec le sentiment du devoir accompli, mais l’avenir allait peut-être lui donner tort.
Le banquet touchait maintenant à sa fin. Après l'éventail de plats plus luxueux les uns que les autres, les serveurs et serveuses amenèrent la farandole des desserts : melons arrosés d'alcool sur leur lit de crème, sabayons, coulis de fruits rouges. Des œufs couronnent le tout, cela ne figurait pas sur la carte ? Certainement pour vous oui, mais vous n'êtes pas le gouverneur et donc pas le haut patron du coin.
En donnant distraitement des coups de cuillère dans les mets qu'on lui servait, le gouverneur écouta les confidences de son frère quant à ce qu'on lui avait enseigné de la place des femmes - même les plus hautes placées de ce monde. On servit ensuite de nouveaux verres de vin aux invités de la première table, cette fois-ci davantage sucré qu'épicé, pour accompagner la douceur de ces desserts. La musique elle aussi se fit plus tranquille : le petit orchestre entamait un menuet prompt à accompagner le tranquille decrescendo.
En son for intérieur, Daniel tout en écoutant certains convives déblatérer sur le socialisme dur espérait bien qu'une telle orientation idéologique ne viendrait pas à s'abattre sur le PP. Il aimait trop les curiosités, les merveilles de la Nature, et il y trouvait un outil de pouvoir sur les esprits si délectablement original... que devoir s'incliner devant les soviets et prendre des mesures répressives comme on dit, lui serrerait le cœur. Le sort pouvait avoir été créatif et mit ces individus atypiques dans l'Ordre du monde pour y trouver une place, mais certainement pas dans son pays !
Tout en se levant, le Gouverneur par son action entraîna la fin des commérages et surtout du repas, partout on termina rapidement son assiette pour se lever afin de porter un toast avec le gouverneur, Daniel tout en attrapant une coupe, rajouta.
- Je prie pour l’avenir de notre état, et comme je l’avais déjà dit à maintes reprises c’est avec le sentiment du devoir accompli que je quitte mes fonctions. Nous avons légiféré, nous avons codifié, nous avons sauvegardé les avancées du droit.
Je sais que les Sealandais n'oublieront jamais mon bilan et je ne les oublierai pour ma part jamais, j’aime cet état et jusqu'à ma mort je serai fier d'être Sealandais ! tchin-tchin à vous tous !
Astor leva son verre sous les applaudissements des invités, trinquant à gauche puis à droite, il dégusta son champagne avant de faire un signe de la tête au service de la maison du Gouverneur. Le maître d'hôtel principal quitta alors la demeure pour rejoindre l'extérieur afin de donner une consigne aux nombreuses personnes moins importantes qui profitent de l'événement dans les jardins ouverts de la governor's House.
Ce qui amena l’ensemble des invités a tourné leurs regards vers la Maison du Gouverneur, ou ce que l’on pouvait nommer à juste titre l’élite Sealandaise quitter la salle de réception pour rejoindre la terrasse par les petites portes de côté. Une fois l’ensemble des participants à leur place, et dans un froid plus que notable, un homme annonça en tapant à la double porte de la Maison du Gouverneur qui s'ouvrirent.
- Monsieur le gouverneur de Sealand, Daniel Astor !
Astor passa alors la double porte sous les applaudissements de la masse de monde, après tout il était chez lui, il avait offert des buffets, c’était tout à fait normal de recevoir un tel accueil. Astor fit un grand sourire à la foule avant de se tenir au milieu de la terrasse avec de gauche à droite les invités plutôt importants le regardant.
- Mes chers compatriotes sealandais, que je suis ravi de votre présence ici ce soir. J'espère que votre soirée fut bonne, pour moi elle fut excellente, outre la nourriture bien sûr.
C’est me retrouver au milieu d’un peuple uni qui m’a le plus réconforté, le Sealand et un état magnifique et avoir été votre Gouverneur fut un immense honneur pour moi.
Tout au long de mon mandat j’ai tâché d'être le plus possible à l'écoute de vos attentes, nous avons accompli beaucoup ensemble et surtout mon gouvernement a réussi le pari de léguer des garanties dans le droit pour nos générations futures. Devenir Gouverneur fut la plus belle opportunité de ma vie et surtout mon début de carrière. Je n'étais personne, un inconnu, et c’est votre confiance en un inconnu qui fut bénéfique à notre état, peu importe qui sera mon ou ma successeur, je tenais à lui affirmer mon soutien devant vous, peu importe son nom, peu importe sa carrière.
C’est bien l’individu et non les chiffres qui guident le mieux notre pays, j’en suis la preuve vivante par mon travail au Sealand. Jamais je ne l'oublierai et cette soirée le montre bien.
Je dois tout au Sealand, de mon éducation, en passant par mon travail. Je ne pourrai jamais totalement payer la dette que j’ai envers notre État, mais je tacherais de l'honorer jusqu'à la fin ! Beaucoup pensent que cette cérémonie est une sorte de clôture de mon mandat . C'était probablement le cas il y a encore quelques jours.
Et pour cause, je ne m'étais pas encore penché sur mon avenir, c’était avec un sentiment d’accomplissement que je comptais partir pour laisser un autre candidat et donc par extension le pluralisme politique me succéder. J’ai passé ces derniers jours à admirer notre pays et surtout notre parti.
Le Parti Progressiste est en sale état et seul un fou irait prétendre le contraire. Un parti à la dérive donc, mais aussi des candidats n’arrivant pas à surmonter la division en s'accrochant à l’ancien. Ce n’est pas et surtout pas avec des souvenirs que l’on bâtit l’avenir.
Hamilton, Mendez, González et même mon propre grand-père, malgré tout le respect que je peux avoir pour ces personnes, elles ont échoué à sauver le parti, et je ne prétends pas moi-même en être capable. C’est un douloureux constat que le chemin prit par notre groupe politique ces dernières années, et je sais que comme le Sealand, la Fédération a besoin de nous.
Voilà pourquoi, en connaissance du chemin douloureux que cela sera, j’ai décidé en ma pleine âme et conscience de me déclarer candidat pour les primaires progressistes en vue de l’élection présidentielle.
Plus qu’un combat, c’est dans une cause que je m’engage, celle de sortir le Parti Progressiste du gouffre infernal. Nous avons des enfants, des jeunes adultes, des personnes âgées qui comptent sur nous, et nous ne pouvons les décevoir.
C’est donc devant vous, un ancien garçon des rues, avec des bulletins qui ne furent pas toujours verts qui se présentent devant vous pour vous représenter. Et c’est devant ce ciel étoilé que je vous le promets, Nous n'abandonnerons jamais car notre Fédération a besoin de nous !
Astor pointa droit devant lui le ciel étoilé, alors qu’une fusée d’artifice décolla, puis encore une autre, et cela pendant un long moment pour célébrer en musique son annonce de candidature.
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Alors que la musique se mêler aux applaudissements et aux crépitements des feux d’artifice, Astor en profita pour s'éclipser, rentrant dans la maison du gouverneur alors que le vacarme faisait rage, il salua au détour d’un couloir les portraits de ses prédécesseurs.
Arrivant dans son bureau, il se laissa tomber contre le mur alors que derrière lui, le feu d’artifice battait son plein, ainsi donc, il se retrouvait candidat pour éventuellement finir aux présidentielles
- Putain de merdese dit-il, Le combat ne fait que commencer pour moi et je te le promets seigneur, je serai à la hauteur.
Astor fit un signe de croix avant de fixer le vide, dans un dernier jet d’artifice, la soirée prit fin.