6 janvier 185
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Premier événement marquant de son mandat, le vote du WOCA (Weapons Ownership Control Act) avait ravivé un débat sur lequel Nancy avait beaucoup misé au cours de sa campagne, celui du droit au port d'armes. Face à un Congrès majoritairement progressiste et un Parti Conservateur résolument opposé à la proposition, son rôle allait être primordial.
La Présidente Chapman arriva dans la pièce dans son tailleur rouge habituel, et se plaça derrière le pupitre d'où elle commença sa conférence, d'un ton posé.
Bonne après-midi à tous.
Je tiens à commencer cette première conférence en vous souhaitant une bonne année. J'espère que vous n'avez pas eu de problèmes avec les intempéries sur la route !
Bien, commençons. Mon Bureau a reçu ce matin les textes votés par la Chambre des Représentants, parmi lesquels le Weapons Ownership Control Act. Je tiens d'abord à dire que je comprends parfaitement le sentiment partagé du côté des élus conservateurs de réserve quant à ce texte.
J'avoue moi-même être assez perturbée par la radicalité de ce texte voté par les progressistes. Nous sommes en pleine cohabitation, le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif n'appartenant pas au même parti. L'objectif des membres du Congrès aujourd'hui devrait être de faire un pas en avant vers l'autre, et non pas de se retrancher sur ses idées les moins partagées. Je ne compte pas faire obstacle aux textes de lois qui ne vont pas dans le sens de ma Présidence : le Parti Progressiste a la majorité au Congrès et il est normal que la charge de faire les lois leur reviennent. Mais mon rôle de Présidente est de garantir l'équilibre de nos institutions et de défendre la Constitution, et en cela, ce texte me paraît outrancièrement dérangeant.
Le WOCA prévoit d'empêcher tout individu n'ayant pas demandé la permission à son médecin ou à son psychiatre d'exercer son droit constitutionnel à détenir une arme pour sa défense. Pire, cette interdiction s'étant à tous les individus condamnés par une Cour Fédérale même pour crime non-violent. Un individu violent, un ancien assassin ou délinquant, un trafiquant de drogue ou un proxénète devrait être interdit de posséder une arme car l'usage qu'ils en feraient dans le cadre de leurs activités illégales ne saurait être protégées ou défendues dans un état de droit. Mais si vous remplissez mal votre assurance, ou si vous faites une erreur dans une déclaration auprès d'une autorité fédérale, votre faute est rachetable et rien ne devrait vous empêcher de continuer à exercer vos droits fondamentaux. Pourtant, avec ce texte, la moindre condamnation même pour une infraction mineure reconnue par une Cour Fédérale peut vous valoir la confiscation de vos armes et l'interdiction de vous en procurer sous le couvert de la loi.
La constitutionnalité d'un tel texte est à remettre en question très sérieusement et je compte sur les élus conservateurs pour faire valoir les principes de notre Constitution.
En second lieu, ce texte prévoit la création d'une base de données fédérales recensant l'intégralité des détenteurs d'armes de notre Nation. Pour être honnête, la branche exécutive n'a ni les capacités ni l'intention d'organiser un tel fichage de notre population. Même si je n'y suis pas favorable personnellement, je pense que la tenue d'un tel registre si elle doit exister devrait être décidée souverainement par les États et non imposé par le gouvernement fédéral qui n'en a absolument pas la prérogative et je doute que nos Pères Fondateurs auraient vu d'un oeil favorable la création d'un registre pour contrôler l'exercice d'un droit aussi élémentaire.
Pour ces raisons, j'invoque mon droit de veto et je renverrai le texte au Congrès en faisant valoir ces faits. Si le texte est modéré et amendé par le Congrès en prenant en compte les remarques de la minorité, je reconsidérerai cette décision.
Bien, à présent, je vais répondre à vos questions. Pas de hors-sujet, s'il vous plaît.