Haut lieu du commerce de bétail et des rencontres locales de course de chevaux, où de nombreux parieurs invétérés venaient dépenser leurs maigres étrennes, noyer leur chagrin et leur solitude dans l’alcool et la compagnie d’autres malheureux semblables.
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Carlington Rock Ranch
- Fédération-Unie
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Haut lieu du commerce de bétail et des rencontres locales de course de chevaux, où de nombreux parieurs invétérés venaient dépenser leurs maigres étrennes, noyer leur chagrin et leur solitude dans l’alcool et la compagnie d’autres malheureux semblables.
- Charles-Arthur Jane
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Intervention au Ranch de Carlington Rock - Charles Arthur Jane
Samedi 26 novembre 206
Après la folie des derniers jours, les nombreuses rencontres, les marches épuisantes à travers les villes fédérées, Charles-Arthur Jane avait décidé de laisser un peu le béton des villes et la folie des grandes artères pour partir se ressourcer au vert de sa jeunesse. Le candidat était revenu sur ses terres natales, dans les campagnes rouges de l’Etat de Rochester, non loin de la fournaise des banlieues de Sun Valley.
Le candidat savait que les progressistes étaient trop souvent accusés d’être les candidats d’une élite urbaine déconnectée des zones rurales, insensible à tout ce qui ne ressemblait à un amalgame d’immeubles de plusieurs centaines de milliers de personnes. Vêtu d’une simple chemise blanche et d’un jean de travail, il s’était ainsi rendu loin des caméras au sein des villages et des camps de caravanes qui se tenaient dans ces banlieues de Rochester. Comprenant le vocabulaire, le quotidien et les souffrances de ces individus qui avaient peuplés son propre parcours, il prit cette fois le temps d’écouter avec attention les avis, les conclusions et les espérances portés autour de lui. Même s’il ne pensait pas forcément remporter l’investiture, Jane savait que cette campagne de terrain serait déterminante dans son propre apprentissage. Et il comptait s’en montrer digne.
Sa journée fut ainsi organisée par ces déambulations semi improvisées dans les terres vallonées des red-rock de Rochester. Ce n’est finalement qu’au soir tombé qu’il se rendit dans sa destination finale: le ranch de Carlington Rock, haut lieu du commerce de bétail et des rencontres locales de course de chevaux, ou de nombreux parieurs invétérés venaient dépenser leurs maigres étrennes et noyer leur chagrin et leur solitude dans l’alcool et la compagnie d’autres malheureux semblables. Autrement, le ranch dégageait une rare image de prospérité, avec ses allées colorées, son personnel en uniforme et le public qui peuplait comme rarement ce lieu de campagne démographique et désormais, électorale.
Ayant donné rendez vous à ses désormais plus nombreux partisans, Jane savait que le public serait au rendez vous quand il s’avança sur la petite estrade devant la foule agitant les pancartes et les drapeaux bleus habitués. Le visage du candidat arborait une certaine fatigue, mais son ton était joyeux et toujours pugnace quand il prit la parole, muni d’un simple micro, les manches retroussées, le regard fier.
Rochester… Ces plaines, ces vallées, ces paysages, ce sont ceux de mon enfance, de ma prime jeunesse, ceux qui m’ont vu grandir et qui ont bâti l’homme que je suis devenu. J’ai le souvenir de mon enfance passée dans ce camp de caravanes au bord d’une rivière. Je suis donc un enfant des campagnes de l’Etat de Rochester, n’en déplaise aux candidats conservateurs qui caricaturent chaque progressiste comme de vilains bobos urbains déconnectés du pays réel. Je suis né dans un hôpital de l’Est de Sun Valley, au sein de l’Etat de Rochester. Fils de parents n’ayant pu se payer un logement décent à moins de sombrer dans les affres du surendettement, j’ai passé les premières années de ma vie dans un camp de caravanes de la banlieue. J’y ai appris les difficultés de la vie quotidienne, la drogue, les lendemains difficiles, la peur du frigo vide, mais aussi la solidarité, la résilience et le goût d’aider son prochain. Suite au divorce de mes parents, j’ai vu ma vie adolescence balloté entre le parc de caravanes et un appartement miteux de la banlieue est de Sun Valley. Je n’ai pas peur de regarder dans les yeux les maux de cet État, les souffrances de ses habitants : mais c’est bien car je connais la richesse des vallées de ces campagnes, la diversité et la beauté de ses villes, et la volonté de ses habitants : ces souffrances ne veulent pas dire que je n’aime pas mon État ; au contraire, je veux me battre pour les atténuer, et pour restaurer l’espoir au Rochester comme dans le reste du pays.
Et restaurer cet espoir, c’est redonner du souffle à nos campagnes, qui souffrent trop souvent de l’isolement des grandes villes et de la déconsidération de nos élites politiques. Oui, la politique locale ne peut pas se décider qu’à Saint-Paul : mais non, Saint-Paul ne doit pas non plus rester muet et aveugle aux souffrances du pays profond ! Ces terres rouges, j’y ai mes racines, mais je crois qu’une vague bleue rénovée et moderne leur ferait le meilleur effet : car il nous faut reconnecter nos campagnes et notre État en renforçant nos services publics de proximité et la présence de notre puissance sur l’ensemble de notre territoire !
Je veux ainsi lancer un grand plan de réinvestissements publics à destination des campagnes, afin que ses habitants ne soient plus les oubliés de nos politiques sociales. Et l’un des plus grands drames de l’éloignement des villes, c’est la déliquescence de notre système de santé. L’administration conservatrice a laissé par pure logique économique se ferme les derniers centres hospitaliers des zones rurales, au motif qu’ils n’accueillaient pas suffisamment de patients. Les médecins, les lits d’hôpitaux, les médicaments et les infrastructures de soin on déserté la Fédération Unie profonde, que Stanley Graham prétend représenter dans son clip de campagne. Pourtant, en cas de fièvre subite, de chute, d’accident ou de cancer, un colt et un chapeau de cow-boy ne vous sauvent pas: seul un hôpital le peut. La mort du service public de santé rural, c’est l’explosion du taux de mortalité dans nos campagnes fédérées.
Pour cela, je mettrais en place une grande politique de reconstruction d’hôpitaux en zones rurales, de manière coordonnée avec les Etats, sur la base d’un établissement tous les 70 kilomètres ! Pas de centre d’urgence à moins d’une heure de voiture, c’est l’engagement que je prends devant vous ce soir, si les fédérés m’accordent leur confiance ! Je veux aussi renforcer le développement de la médecine de proximité, en instaurant un crédit d’impôts de trois ans à destination des médecins partant s’intaller hors des villes pendant une période équivalente. Enfin, il nous faut aussi améliorer notre réseau d’intervention d’urgence, en déployant 200 millions de Thalers supplémentaires pour qu’aucun citoyen en situation de détresse médicale grave ne puisse être sauvé. Il en va de la survie de nos populations, et de la grandeur de notre Nation !
Les applaudissements ponctuent la prestation du candidat, qui s’incline légèrement avant de redescendre de sa petite estrade pour poursuivre ses échanges avec le public.
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