Université fédérée fondée en l'an 37. Sa devise est "Disciplina in civitatem", ce qui signifie "éducation pour la citoyenneté".
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Libertytown State University
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Université fédérée fondée en l'an 37. Sa devise est "Disciplina in civitatem", ce qui signifie "éducation pour la citoyenneté".
- Charles-Arthur Jane
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Visite du campus de la Libertytown State University - Charles Arthur Jane
Lundi 21 novembre 206
C’était sur le campus de la Libertytown State University que s’était arrêté le bus de ville qui emmenait un invité surprise au cœur de l’histoire de la vie étudiante de l’Etat de Fort Oak. Devant les passagers du transport collectif s’étendait plusieurs hectares de terrains verdoyants, aux nuances de verts artistiquement dessinées par un usage intensif de molécules H2O. Au bout de ces grandes allées élégamment bordées d’une végétation abondante et soigneusement taillée se tenait un imposant édifice à la blancheur immaculée. Entre ces murs à la couleur de la candeur, l’on prétendait enseigner une éducation intègre et de grande qualité pour éduquer les futurs citoyens et former leur esprit critique aux nuances et aux vertus de la vie démocratique.
Dans ce symbole rayonnant de la grandeur et de la décadence du système universitaire fédéré, Charles-Arthur Jane avait prévu une scénographie qui lui octroyait un léger sourire tandis qu’il descendait en quasi anonyme de ce bus bondé d’étudiants se dirigeant vers leurs cours, la tête bien loin de la chose universitaire. Ici la politique se faisait dans les débats associatifs, au fil des amours et des coups d’un soir, ou dans le magma bouillonnant des rares amphi qui n’étaient pas désertés par leur public. Pour atteindre le cœur du bâtiment universitaire, le représentant de Sun Valley savait qu’une longue marche dans l’allée centrale l’attendait. Le cœur de son entrée en scène.
Parmi les étudiants qui se pressaient un peu partout dans les jardins du campus, les équipes du candidat avaient répandu de jeunes militants, partisans et soutiens de campagne, engagés dans les associations étudiants ou simples étrangers se mêlant au melting-pot du public universitaire, avec une légère tendance aux enfants de riches familles blanches. Ces militants se mêlaient à la foule et aux conversations, propageant des rumeurs sur la venue du candidat, distribuant les pancartes et les tracts sans mouvement global, plantant de petites graines qui se répandaient peu à peu dans la foule. Ici et là, de petites étincelles d’acclamations, des braises d’effervescence se déclenchaient sans être immédiatement confirmées par une acclamation transversale.
C’est dans cette atmosphère devenant de plus en puis fébrile, attisant la curiosité des étudiants, que le candidat aux primaires progressistes commença à s’avancer, vêtu d’une simple chemise blanche aux manches retroussées commença à remonter tranquillement l’allée, tandis que les militants qu’il croisait grossissait l’air de rien l’escorte derrière lui. Ainsi Jane prit il une longue heure à remonter l’allée du campus, multipliant les poignées de mains et les échanges avec les étudiants, un grand sourire aux lèvres. Il se laissa montrer les lieux importants du campus, illustrer les éléments centraux de sa vie et échangeant avec de nombreux points de vue quelques mots dans une improvisation minutieusement calculée. Les rumeurs s’étant propagées, c’était une foule compacte qui s’était assemblée devant le parvis central du bâtiment universitaire pour écouter la prise de parole du candidat.
Tandis qu’il montait les quelques marches menant à l’entrée de l’édifice, Jane leva les yeux vers la foule amassée, les pancartes de ses militants stratégiquement installées pour favoriser l’effervescence, aux mots de « Jane for United Federation » et de « nouvelle frontière ». Le candidat leva la main droite, gardant la gauche sur le cœur, et les acclamations s’élevèrent. Un grand sourire aux lèvres, il débuta sa prise de parole:
- Mes chers amis, cœur battant de la jeunesse fédérée, c’est un vrai plaisir de retrouver la magie quelque peu oubliée de ma vie étudiante ! Et oui, l’ennui d’être candidat à l’élection présidentielle, c’est que la limite d’âge pour y concourir révèle les ravages de la vieillesse sur mon propre corps et celui de mes collègues ! J’espère alors ne pas être à vos yeux un enième boomer ennuyeux dont la prise de parole serait désertée pour des activités plus attrayantes !
Des rires fusèrent dans l’atmosphere, accompagnés d’applaudissements. Jane fit un clin d’œil à l’auditoire et reprit.
Et en bon vieux, j’adore raconter des histoires, et en premier lieu la mienne, et celle des destins que j’ai eu l’occasion de croiser. Enfant de la campagne de Rochester, je me souviens de ma première entrée dans un bâtiment similaire, au cœur d’une grande ville peuplée d’anonymes et de bourses mieux garnies. Notre objectif à tous et à toutes, était celui d’un jour soigner les maux de notre prochain: mais pour entrer dans cette université de médecine, moi comme bien d’autres avions du couper l’un de nos bras, si ce n’est les deux !
Les frais d’entrée de nos universités s’élèvent souvent à plusieurs milliers, voire à plusieurs dizaines de milliers de thalers par an. Une somme inaccessible pour des millions de familles des classes moyennes et populaires, car ces tuitions fees représentent des mois, des années, des décennies de salaire et d’épargne. Les voilà donc contraints à un choix cornélien: sacrifier l’avenir de leurs enfants en les empêchant de se rendre a l’université, les condamnant donc à la reproduction sociale et les empêchant d’atteindre l’objectif d’années de travail et d’émancipation d’individuelle. Ici s’arrête notre mythe du self made man, notre méritocratie: car l’émancipation intellectuelle se retrouve de facto réservée à une élite économique, et nuit au final a la découverte des réels plus grands esprits de notre nation.
L’autre alternative, celle que des centaines de milliers d’étudiants choisissent, c’est de formuler un prêt colossal qui les enserrera et les entravera durant la première moitié de leur vie active. Ces prêts étudiants sont victimes des vagues incertaines du marché, qui menacent de les noyer par la hausse soudaine d’une houle de taux d’intérêts, faisant chavirer les barques fragiles de ces jeunes plein d’espoir. Ces prêts étudiants ne peuvent être remboursés qu’après des années de labeur, se rajoutant aux futurs prêts immobiliers, automobiles ou professionnels, conduisant à la dramatique spirale du surendettement. Ces prêts étudiants constituent l’âme des solutions conservatrices pour réparer les fractures de notre nation: des outils démagogues, soumis aux aléas du marché et au pouvoir d’achat initial de leur souscripteur.
Mais nos universités ne sont pas basées sur une sélection économique par le marché; elles sont les temples du savoir, basés sur une sélection intellectuelle qui doit se fonder sur le mérite et le travail de l’individu. L’Etat doit donc corriger cette inégalité dramatique. C’est pour cette raison que président, j’engagerais la conquête d’une nouvelle frontière d’équité et de justice par la refondation universitaire. Ce plan pour le savoir équitable et la restauration du mérite proposera un mécanisme simple, accessible et universel: la mise à disposition pour les étudiants admis à l’université et issus des classes moyennes et populaires, de prêts à taux zéro et garantis par la réserve fédérale de la Fédération Unie. Ces prêts ne seront ainsi pas soumis aux aléas du marché, et leur valeur de remboursement n’excédera pas celle de prêt. Le remboursement pourra lui s’effectuer également sous la forme d’un engagement civique volontaire ou professionnel aux formes variées et pertinentes, au service de notre État. Enfin, cela donnera au gouvernement un moyen d’action sur la dette étudiante, qui pourra être allégée en cas de mauvaise conjecture ou de difficultés individuelles. A la froideur du marché, nous substituerons l’accompagnement chaleureux et humain d’un service individualisé, juste et protégé par nos institutions publiques.
Ce mécanisme permettra de combiner responsabilisation pertinente de notre jeunesse, et garantie d’accès équitable à l’université. Il s’agit d’une conquête puissante et majeure vers cette nouvelle frontière qu’ensemble, nous devons construire, pour et surtout avec vous, notre jeunesse, notre avenir. Car notre peuple a toujours étendu ses frontières vers l’avenir, le progrès et la démocratie: et ensemble, nous pouvons en conquérir une nouvelle.
Le candidat s’incline face au tonnerre d’applaudissements spontanés ou orchestrés qui s’étend devant lui. Puis il descend de son estrade pour sa visite. Au programme: match de soccer, visite des bâtiments universitaires, rencontre avec les enseignants puis multiples selfies sur le campus: il fallait mouiller la chemise, mais Jane était heureux de retrouver quelques heures sa jeunesse étudiante.
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