Locaux du think tank "Institute for Human Rights and Business" situé à Windtown, dans l'État de Fort Oak.
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Institute for Human Rights and Business
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Locaux du think tank "Institute for Human Rights and Business" situé à Windtown, dans l'État de Fort Oak.
- Charles-Arthur Jane
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Town Hall Meeting devant les locaux du Human Rights and Business Institute de Windtown - Charles Arthur Jane
Vendredi 25 novembre 206
Fort Oak. Un bastion progressiste, et traditionnellement le premier indicateur des primaires. C’était ainsi en toute logique que des l’aube du jour ou devait se tenir son caucus, Charles-Arthur Jane et ses équipes s’étaient déployé dans les différentes villes pour promouvoir le projet du candidat auprès des potentiels votants à l’aide t-shirts, mug, casquettes et autres goodies reprenant les phrases les plus amusantes ou emblématiques du candidat et le thème de sa nouvelle frontière. Le candidat s’était lui même rendu dans plusieurs fast-food, restaurants et bars de la ville de Windtown, en simple chemise blanche, les manches retroussées, serrant des mains, distribuant les bons mots et les oreilles attentives, adorant la campagne de terrain que lui faisait mener ces primaires.
Quand les coups de seize heures sonnèrent, c’est pourtant une autre journée, moins amusante, qui commençait pour le candidat. Après avoir pris une bonne douche fraîche et s’être changé, Jane s’était rendu au sein du très sérieux Human Rights et Business Institute, pour rencontrer pendant deux heures les membres du think-thank et échanger avec eux sur les thématiques de politique étrangère et de diplomatie économique. Pendant ce temps, une foule massive s’était rendue devant le bâtiment, attendant le soleil couchant et la sortie de Jane. C’est vers dix huit heures sonnâtes que leur souhait fut exaucé.
Cette fois ci, c’était la mine plus sérieuse que le candidat Charles-Arthur Jane sortait d’une longue matinée de discussion avec les membres du Comité. Il avait écouté leurs conseils, leurs avis et taché d’approfondir ses propres connaissances du sujet de la politique étrangère. Il s’agissait à ses yeux d’une des attributions centrales du président de la Fédération Unie, et il voulait démontrer qu’il était capable, au delà des coups d’éclats passagers et de l’inventivité de sa campagne, d’adopter une posture digne et présidentielle. Ainsi c’est vêtu d’un costume bleu sombre, d’une cravate noire et de mocassins impeccablement cirés qu’il s’avança sur le parvis du bâtiment de l’Institut, devant une foule presque étonnée de le voir si sage. Puis il arbora son fameux sourire amusé, et les visages du public se détendirent, tandis que les applaudissements s’élevaient et que les pancartes « Jane 207 » et « Nouvelle frontière » se levaient et s’agitaient. Il y avait la plus d’un millier de personnes venues saluer celui qui, du statut de presque inconnu quelques semaines auparavant, faisait désormais office d’outsider dans la course présidentielle. Il salua donc ses partisans de la main droite, plaçant sa main gauche sur son cœur, et commença avec ferveur et engagement son discours.
Mes chers amis, c’est un véritable plaisir que de vous retrouver ici, ce soir, dans ce magnifique État de Fort Oak, où se jouera la première manche des primaires progressistes.
Cette campagne présidentielle nous démontre l’ampleur des dégâts qu’on fais, et que veulent continuer à faire les conservateurs à notre pays. Pendant huit ans, Ethan Caldwell et son administration ont réduit à peau de chagrin les politiques sociales menées par notre État, laissant les inégalités exploser et les services publics se raréfier, laissant nos infrastructures tomber en ruines et les causes de souffrance se multiplier dans notre pays. Pendant huit ans, ils ont réduit les attributions du secrétariat aux affaires sociales, au point que personne dans leur camp ne s’inquiète face à la volonté de Stanley Graham de purement et simplement le supprimer ! Cette proposition radicale démontre la folie sans limites de la révolution conservatrice: celle d’un saccage sans fin des dernières institutions fragiles qui protégeaient encore les plus fragiles, les femmes, les minorités, tous ceux qui ne naissent pas une cuillère d’argent dans la bouche et un drapeau conservateur planté devant leur maison. Au nom des intérêts financiers de quelques-uns, c’est l’ensemble de notre modèle social déjà insuffisant qui est menacé.
Pourtant, à rebours de cette tirade enflammée, je comptais ce soir me livrer à un exercice inédit et périlleux: une relative compromission avec l’ennemi, en saluant une réussite de l’administration d’Ethan Caldwell. Rassurez-vous, je ne saurais avoir accepter le chèque d’un lobbys rouge ! Et ce n’est pas le corps luisant et les tirades amusantes - bien qu’un peu répétitives - l’égo trip de ce cher Kahorere Harper qui me font prononcer cette hérésie ! Mais comme notre cher speaker Nicolas Edwards le disait, si le bilan de l’administration Caldwell est désastreux sur le plan intérieur, sa politique étrangère ne pouvait subir les mêmes reproches. Oui je l’affirme, il était courageux, face à la montée des dictatures dans le monde entier, de réunir le monde libre au Château d’Antemar, de faire cesser les querelles brouillonnes existantes parfois entre certaines républiques, et d’impulser une volonté commune de lutter contre le totalitarisme et les violations de droits humains.
Mais notre défense de la lumière de la démocratie ne peut se limiter à de vains communiqués, ni à la volonté changeante d’administrations se succédant et impulsant leur propre idéologie. Face à l’isolationnisme dont Warren Wood s’est fait par le passé le chantre, face à l’interventionnisme militariste que Stanley Graham défend en se qualifiant lui-même de faucon néoconservateur. Vous le savez, je siège au Congrès dans la conférence des pacifistes, ceux que nos adversaires néoconservateurs qualifient parfois de colombes. Personnelement, je n’en ai cure : la colombe de la paix me semble toujours préférable au corbeau de la guerre, qui charrie trop souvent les charognards des cadavres sur les champs de bataille, ouvrant les rivières rougies du sang de nos soldats et des civils qui se trouvent sur le chemin de nos ennemis. Je ne crois pas que notre rôle soit de rechercher la guerre, ni de la provoquer : mais je ne crois pas non plus que pacifisme rime avec naïveté.
Je crois que le rôle de notre Nation est celle de défendre la paix démocratique, en soutenant la résolution pacifique des conflits, le respect des droits humains et la promotion de la démocratie dans le monde. Je salue l’initiative du président Caldwell, car il est nécessaire de renforcer nos liens avec les démocraties du monde libre. Pacifisme ne rime pas avec naïveté, et les menaces sur la paix que font peser les régimes autoritaires nécessite une réponse coordonnée et des alliances défensives fortes. Néanmoins, nous devons toujours rechercher la paix et la diplomatie, en nous appuyant sur nos garanties militaires en défense comme sur notre soft power et nos capacités diplomatiques et d’influence. C’est par une politique de paix et de défense courageuse que la Fédération Unie pourra renouveler son rôle de leader d’un monde libre uni.
Et ce soir, je veux présenter un projet qui me tient particulièrement à cœur. Une promesse murie collectivement, avec nos diplomates, avec les organisations non-gouvernementales, et les acteurs multiples de la politique étrangère. Je veux mettre en place un nouveau Trade Act, en accord avec le monde moderne, en accord avec nos valeurs démocratiques et sociales, en valeur avec notre rôle dans le monde libre. Le cœur de ce Trade Act sera une clause qui conditionnera la signature d’un traité de commerce accordant à notre partenaire des avantages commerciaux substantiels, au premier rang desquels la clause de la nation la plus favorisée, au respect des droits humains fondamentaux et de la démocratie. Cette clause interdira ainsi la possibilité de signer des traités commerciaux ambitieux avec les nations autocratiques qui pullulent dans le monde : elle empêchera nos entreprises de financer les régimes qui soutiennent le terrorisme et violent les droits humains ; elle mettra notre politique commerciale en adéquation avec nos valeurs démocratiques, encouragera le commerce dans le bloc progressiste, et refera de notre Fédération le phare d’un système économique démocratique et défendant les droits humains !
Mais comment juger une violation des droits humains, ou l’autoritarisme d’un régime ? Je ne crois pas qu’il soit au président d’en juger seul, bien qu’il doive avoir voix au chapitre. Ce nouveau Trade Act établira une liste de droits qui devront être garantis et effectifs pour accorder la clause de la nation la plus favorisée à un pays tiers :
- L’existence d’élections libres et équitables permettant une alternance pacifique du pouvoir
- Le respect des libertés fondamentales d’expression, de circulation, de réunion et de participation politique
- L’absence de violente d’État caractéristique effectuée à l’égard de sa population ou des opposants politiques à un régime
- La mise en place d’une économie stable et ouverte, dans laquelle la corruption et le népotisme seront proscrits et combattus
Ces critères seront analysés par une commission composée de diplomates, de parlementaires et d’universitaires qui établira biannuellement un rapport remis au secrétariat d’État, établissant une liste rouge de pays tiers ne respectant pas ces droits fondamentaux. Le président pourra alors s’appuyer sur cette liste pour impulser ou non la signature de traités : et le Congrès exercera un contrôle légal sur la bonne application de la présente clause. J’ai confiance en l’attachement bipartisan envers la promotion de la démocratie, mais je crois aussi que notre politique commerciale doit refléter nos valeurs comme nos intérêts : et c’est pourquoi je demeure convaincu de la pleine pertinence et de la pleine utilité de ce Trade Act.
Nous vivons au carrefour d’une époque chargée des nuages de la guerre, de l’instabilité et de l’autoritarisme. Le Borowen, Novgrad, le Sunixsyan, autant d’États autocratiques qui avancent leurs pions en profitant de notre complaisance passée, parfois sous des administrations progressistes, de notre mauvais usage de la diplomatie coercive, pour violer les droits humains, soutenir la propagation du totalitarisme et de juntes militaires et pour se faire les porte-drapeaux du recul de la démocratie et de l’Etat des droits. Ces cavaliers noirs déchirent les drapeaux immaculés que portent les peuples libres, et font peser de lourdes menaces sur l’unité du monde libre. Face à cette menace, nous avons commencer à structurer les contours d’une défense militaire commune sous l’égide d’Ethan Caldwell : mais il ne peut s’agir de notre seule arme. Le dilemme de sécurité d’une course aux armements ne favoriserait que le fracas des armes et la légitimation de pouvoirs forts, autocratiques et militaires, elle ne renforcerait nullement la stabilité du monde libre.
Nous sommes la première puissance économique de la planète, et nous devons utiliser de ce pouvoir économique pour défendre la démocratie et pour promouvoir le monde libre. Le deuxième volet de ce Trade Act renouvelé visera à fonder un cadre légal précis à la prise de sanctions économiques graduelles et proportionnées face aux États violant les droits humains. Nous établirons les fondations d’une diplomatie économique coercive et influentes en faisant de notre force commerciale un puissant facteur de promotion de la démocratie. Sur le versant positif, ce cadre posera aussi les pierres d’une politique commerciale d’ouverture et de soutien dans les pays qui améliorent ou consolident leur démocratie. Le potentiel des puissances émergentes est immense : soutenons une adéquation entre leur expansion économique et leur développement démocratique. Ce Trade Act punira ainsi les black knights qui sapent les efforts de construction démocratique, et promouvra les white hats qui construisent chaque jour les bases d’une démocratie saine et ayant toute sa place dans le monde libre !
Dans un monde menacé par l’autoritarisme, la seule realpolitik qui vaille, c’est la défense acharnée et la promotion de nos valeurs démocratiques, la défense des droits humains, la renaissance de la flamme de l’espoir ! Mais ce n’est pas la guerre, ou l’interventionnisme militaire acharné qui nous permettront de propager la démocratie. Plutôt que d’attendre l’étincelle des crises et des violences, faisons de notre puissance économique et commerciale le phare des progrès démocratiques, en soutenant ceux qui les mettent en œuvre, et en punissant ceux qui les combattent ou les restreignent. Ensemble, bâtissons une nouvelle frontière pour notre politique étrangère, et redevenons le phare du monde libre !
Il remercia d’une légère révérence les applaudissements et les cris de joie qui saluèrent sa prestation, avant de descendre dans la foule en un dernier moment de communion et d’échanges avant la soirée électorale qui promettait d’être palpitante.
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