Re: Nation's Plaza
Posté : mer. 11 mars 2020 21:18
par Andrew Rutherford
C’était sur cette place bien connue de San Constantino qu’Andrew allait tenir le plus grand évènement de sa campagne pour le poste de gouverneur. Large favori, il voulait toutefois prendre garde à éviter la désillusion.
Une grande scène avait été installée grâce aux moyens de la section locale du Parti Progressiste juste devant l’Hôtel de ville qui dominait la place. Juste derrière la scène avait été installées des tentes pour le candidat et ses équipes.
Alors que la place s’emplissait de monde, Andrew relisait encore ses notes dans une des tentes où il s’était isolé. Il n’était pas question de faire de faux pas lors du moment fort de sa campagne.
Alors que la place était pleine à craquer, Andrew sortit de la tente deux minutes avant l’horaire annoncé du début du meeting. À sa sortie de la tente, son équipe de communication commença à filmer son chemin vers la scène pour retransmettre tout l’évènement sur le compte Chirper du candidat.
Il déambula entre les tentes puis passa sous l’arche de la place, toujours accompagné des deux caméramans. Soudain, le speaker annonça sur la scène l’arrivée du candidat et le passage de ce-dernier sous la grande arche fut retransmis sur l’écran géant à côté de la scène, provoquant une ovation de l’assistance.
Une musique épique retentit alors que le candidat montait les marches de la scène. Une fois à la vue des spectateurs, il fut à nouveau ovationné et resta plusieurs dizaines de secondes à déambuler sur la scène pour saluer ses sympathisants.
Il prit ensuite place derrière le pupitre et attendit quelques secondes, le temps de bien repérer les prompteurs et de voir le bruit s’estomper, avant de commencer.
Rutherford : Mes chers amis,
Quel accueil! Merci à tous d’être venus dire que le progressisme a encore de très beaux jours devant lui à Arcadia comme dans toute la Fédération. Mais se réunir aujourd’hui n’est qu’une preuve partielle. La véritable preuve sera le déferlement sur tout le pays d’une vague bleue qui enlèvera de nombreux états et partira à la conquête du Capitole. Ensemble, nous allons donner partout des majorités progressistes.
Mais donner une majorité progressiste pour s’opposer au conservateur James McCarthy n’a absolument aucun sens! Alors oui à une large majorité progressiste, et oui aussi à un Président Progressiste, en l’occurence le sénateur Luke Glassberg! Comme nous ici, il présente une candidature de rassemblement des sensibilités progressistes. En effet, sa ligne radicale est contre-balancée par le choix d’une colistière modérée, en l’occurence son adversaire des primaires Victoria Barrett. Alors oui, j’en suis sûr, la vague bleue sera pour San Constantino, Arcadia, le Capitole mais aussi et surtout la President’s House!
Je le disais, nous présentons nous aussi une candidature de rassemblement. Notre liste comporte des partisans d’une ligne plus radicale comme ceux d’une ligne plus modérée, sans oublier quelques indépendants investis dans la vie locale ou dans la vie associative. Je ne suis pas le gouverneur des sympathisants progressistes mais bien le gouverneur de tout un état : Arcadia. Cela ne changera pas, je serais le gouverneur de tous.
Et pour être le gouverneur de tous, il faut évidemment que chacun puisse s’identifier à la législature d’état. Et pour cela, il faut que sa composition reflète la population. C’est pour cette raison que je présente une liste paritaire. Les femmes sont aussi nombreuses dans la population que les hommes. Pourquoi ne serait-ce pas le cas dans les assemblées politiques? Parmi les deux sénateurs que je devrais donc nommer pour représenter cet état, je prends donc l’engagement de nommer un homme et une femme. La féminisation de la vie politique est importante et nous devons profiter de la fenêtre ouverte en la matière qu’a été l’élection de Chelsea Campbell à la présidence.
Mais ne réduisons pas le droit des femmes à la représentativité au sein des assemblées parlementaires. Nous avons la chance de vivre dans des états dont les gouverneurs ont été assez ouverts d’esprits pour donner des droits dignes des sociétés occidentales civilisées. Nous voyons aujourd’hui comment la politique conservatrice méprise dans beaucoup trop d’états les droits des femmes. Ne les laissons pas gagner pour détruire tout ce qui est fait pour les femmes depuis de très nombreuses années à Arcadia. Je le répète ici : je m’engage à sanctuariser en cas de réélection le droit des femmes à l’avortement.
Je le disais, nous devons rassembler au plus large pour permettre de donner à l’action qui sera la notre la plus grande des légitimités. Seulement un candidat qui s’est déjà revendiqué comme progressiste, a décidé d’empêcher le rassemblement de notre famille politique en venant se présenter en dissidence. Je lance un appel aux centaines de milliers d’électeurs d’Arcadia qui ont été voter en faveur de Braden Tillman lors des primaires présidentielles du PP. Les primaires ont tranché et chacun devait se rassembler derrière les candidats investis partout dans le pays par le parti. Braden Tillman a choisi la voie de la division. Alors oui, à tous les électeurs qui ont voté Tillman aux primaires : le rassemblement, c’est nous! La seule candidature vectrice de progrès ayant une chance de gagner est la notre.
Oui, nous sommes la candidature du progrès social. Je suis fier de défendre l’idée d’une prise en charge, dans les universités d’état, de 30% des frais étudiants par l’état d’Arcadia. De cette manière, nous allons aider les étudiants à minimiser le poids écrasant des dettes étudiantes qui les accable dès leur entrée sur le marché du travail. Ne laissons pas nos jeunes adultes se faire crucifier et hypothéquer leur avenir dès leurs premières années dans la vie professionnelle. La justice sociale doit commencer là où commencent les inégalités, c’est à dire tôt!
Car ce sont ces inégalités que nous devons lutter autant que possible. On présente très souvent cette nation comme une terre d’opportunités. Alors comment peut-on tolérer que seuls les enfants issus de milieux sociaux aisés aient ces opportunités? L’égalité des chances est absolument cruciale pour toute personne se revendiquant du progressisme. Et l’égalité des chances commence à l’aube de la vie : dans l’école publique!Nous voulons des dispositifs d’assistance personnalisée des élèves en difficulté issus de milieux populaires pour que chacun ait une chance de réussir sa scolarité, puis d’avoir ensuite l’opportunité d’étudier dans le supérieur à moindre frais pour se donner une chance sur le rude marché du travail. Tel est notre projet, celui qui donne à tous une chance dans la société.
Alors oui, je suis fier de porter devant vos suffrages la candidature du progrès sociétal, économique, sécuritaire, environnemental et social. Je suis fier de présenter devant vous une liste qui rassemble au delà de notre famille progressiste pour unir cet état derrière notre candidature qui a pour but unique de faire avancer cet état. Alors lors de ces élections générales, il n’y a qu’une voix, celle d’un état plus social : le vote Parti Progressiste!
Vive le progrès! Vive Arcadia! Et vive la Fédération Unie!
Andrew fit monter sur scène certains de ses colistiers pour la législature d’état, ainsi que des candidats au Congrès. L’hymne fut alors spontanément entonné par toute la place et les candidats.
Une fois l’hymne terminé, Andrew resta quelques minutes sur scène pour saluer ses nombreux supporters. Il quitta ensuite la scène par les escaliers avant de retourner, par le même chemin qu’à l’aller, dans les tentes pour débriefer le meeting et voir les réactions sur les réseaux sociaux.
Re: Nation's Plaza
Posté : jeu. 12 mars 2020 04:06
par Braden Tillman
Discours de Braden Tillman à San Constantino
12 mars 175
Là où son principal adversaire avait tenu un meeting, il fallait que Braden tienne également un grand meeting qui devra s'adresser à tout le monde et pas seulement à ses alliés. Il savait d'avance qu'il gagnerait les voix progressistes puisque presque deux tiers des progressistes d'Arcadia avaient plébiscité l'aile gauche du parti aux dernières primaires. Il s'agissait désormais de recevoir l'investiture des mains des conservateurs qui étaient un tiers de moins que les progressistes en Arcadia.
Mathématiquement ça voulait dire qu'il pouvait aisément rafler 43% des votes en jouant le jeu total de l'aile gauche des progressistes. Mais on ne gagne pas une élection avec des maths, seulement avec des calculs et il fallait donc que Braden trouve des soutiens radicaux chez les moins radicaux. Il savait que puisqu'il se retrouverait dans le même groupe que Rutherford à l'Assemblée, il s'agirait plus d'une révolution de palais que d'un basculement. Il semblait cependant nécessaire de gagner cet Etat pour l'aile gauche des progressistes.
Une jolie scène bleue avait été montée par des camarades bleus radicaux et des verts, on avait installé des stands où officiellement seule la section local du Parti Vert vendait nourriture, journal et boissons, bien que des camarades du Parti Progressite participaient aux ventes malgré l'incapacité de Braden à leur en donnait l'autorisation officielle du Parti Progressiste. Bien sûr, rien ne transparaissait de cette division et nul ne pouvait savoir -à moins d'être militant et partisan- qui venait d'où, ou simplement que le Parti Progressiste n'était pas hégémonique dans le staff de Tillman.
La décoration avait été pensée comme unitaire et s'y côtoyaient surtout le bleu du progressisme, le rouge du communisme et le blanc du pacifisme....enfin les couleurs du drapeau fédéré, bien évidemment. En tout cas, rien ne permettait de dire que c'était autre chose et aux yeux des gens, c'était cela. Pourquoi serait-ce autre chose ?
Soudain on annonça l'arrivée imminente du challenger et le leader vert-bleu-rouge s'avança sur la grande-scène, sous les applaudissements, les ovations et les acclamations. Le 12 janvier 173, c'était plus de deux millions d'arcadiens qui avaient déposé un bulletin à son nom, il savait parfaitement que la place serait comble et la foule en délire. Il savait également qu'il attirait un public plus jeune et sans doute plus indécis qu'un vieux croûton social-libéral qui n'osait jamais tenir un mot plus haut que l'autre.
Braden était jeune, ambitieux et n'avait pas peur de dire les choses comme elles étaient ou comme les gens voulaient qu'on entende qu'elles soient. Il n'avait pas peur de l'attaque frontale, de la polémique et encore moins du clivage, cependant il voulait aujourd'hui être fédérateur et pour contrebalancer le discours froid de son adversaire qui pouvait paraître hors de toute réalité, Braden savait qu'il devait se faire chaleureux et proche du peuple. Et surtout, il devait être radical et non dans la demi-mesure, car les électeurs préfèrent un mauvais vin pur que la meilleure vinasse coupée. D'autant qu'aucune personne d'envergure n'était à craindre du côté conservateur.
Sous une musique sans parole et plutôt passe-partout d'un vieux compositeur srave, interprété par les Choeurs de l'Armée Rouge de Novgrad, que peu sauront reconnaître et qu'encore moins sauront connaître l'interprète, sous cette musique et un tonnerre d'applaudissements, Braden salua la foule depuis la scène et comme il avait expressément demandé aux organisateurs de le prévoir, il descendit les escaliers devant la scène pour aller saluer ses partisans entassés derrière la barrière de sécurité. Puisqu'on lui avait déconseillé d'entrer en passant au milieu de la foule, il avait prévu un autre moyen de pouvoir serre les mains de ses sympathisants coûte que coûte.
Il savait que chaque main serrée était un point de plus aux élections alors il prit cinq minutes pour saluer toute la rangée tandis qu'une caméra suivait son périple retranscrit sur écran géant. Une fois cela fait, il remonta les marches attendit un instant qu'on branche son micro-cravate puis commença. Il était convaincu que parler librement en étant plus expressif et plus dynamique sur scène que son adversaire, vieux-jeu derrière son pupitre, serait encore un atout pour séduire les indécis. Il ne voulait ni ressembler à Rutherford, ni à McCarthy qui avaient l'un et l'autre utilisé un pupitre pour discourir ici.
Il n'aurait que manquer un pin's à son effigie sur le costume de Rutherford et on aurait cru voir et entendre un centriste d'il y a soixante ans ! Braden voulait absolument s'éloigner de cette figure surannée que personne ne pouvait soutenir, encore moins les moins de quarante ans et c'était bien ces forces vives que Braden entendait conquérir.
Braden Tillman : Chers amis, bonjour !
Je suis content de vous voir aujourd'hui si nombreux, je suis content de voir une vague immense de citoyens et de citoyennes prêtes à prendre en main leur destinée et à chercher la vérité partout où celle-ci va émerger. Je suis heureux de voir que personne ne s'est contenté de discours lâches et bâclés et que personne n'attend de la demi-mesure qu'elle puisse répondre correctement aux besoins de tous nos concitoyens. Je porte avec moi, un projet fédéré qui fédérera. Car en dehors de tout clivage, il y a des problèmes qui demeurent. L'endettement étudiant ne s'arrête ou ne s'amplifie pas à la couleur de votre bulletin de vote. Le manque de moyen pour les hôpitaux, les discriminations envers les femmes, les juridictions rétrogrades ne sont pas relatives à votre couleur politique mais sont relatives à la politique de votre Gouverneur.
Hier, sur cette place, un homme est venu dire qu'il voulait rassembler, c'est à dire que tout le monde se taise et se couche derrière lui. Il veut être le gouverneur de tous, c'est à dire de lui-même car il est sensé vous représentez tous. Il veut être le gouverneur de tous, je veux être celui de chacun. En cela, je n'entends pas qu'il suffise que ma liste soit remplie d'autant de femmes et d'hommes que la proportion femme-homme de notre Etat, je n'entends pas qu'il suffise que ma liste soit composée proportionnellement d'ouvriers, de patrons, de salariés et de chômeurs que dans notre Etat, j'entends avant tout ce que mon adversaire n'entend pas -excusons-le, il n'entend plus très bien- c'est à dire que l'Assemblée d'Etat et le Gouverneur que je serais, soient à l'écoute du peuple en premier lieu et en tout moment. J'ouvrirais donc la possibilité de l'initiative populaire à une part faible de la population, il me semble que deux pour cents de la population soient suffisants pour permettre une prise de décision référendaire.
Je m'engagerais aussi à donner une voix à ceux qui n'en ont pas. Celles et ceux qui n'ont pas la chance d'être défendu et représenté par de puissants lobbys seront les premiers à recevoir l'attention de mon Gouvernorat, qui offrira des Conseils d'Etat à chaque groupement social qui en exprime le besoin réel et sincère. Par exemple les étudiants, qui ne jouissent pas d'une grande reconnaissance dans notre Etat. Prenons également les apprentis qui n'ont nul moyen de se faire entendre. Ou alors, parlons des immigrés de toute origine, ceux qui veulent s'intégrer loyalement à notre société et qui n'ont aucun soutien pour les accompagner et qui n'en ont pas les capacités, seuls. Ou bien, les retraités qui ont travaillé toute leur vie durant et qui aujourd'hui sont présentés comme des poids pour la société. On dit par-ci, par-là que nos aînés sont des bibliothèques, des héros, de grands laborieux mais dans le même temps, on réduit leur retraite et les discours ne leur suffise pas à manger autre chose que des pâtes à l'eau. Même je donnerais la parole aux renégats de la société, à ceux qui trafiquent, à ceux qui se prostituent, aux marginaux illégaux et ceux auxquels notre Etat a renoncé à sauver et à soutenir. Oui, j'écouterais même ceux qui en sont aux moyens les plus bas pour survivre parce que la répression peut les exclure de notre société, mais seule la parole pourra les réintégrer et bannir non des gens mais des phénomènes immoraux. La répression que mène notre Gouverneur actuel, peut bien bannir des narcotrafiquants de nos villes, elle n'en bannira pas le trafic de drogues.
Soit vous pouvez choisir de continuer une politique de parure qui rend les apparences plus complaisantes, soit vous pouvez choisir d'avoir une politique efficace et qui réponde profondément à vos attentes et à celles des autres. Croyez-vous que les petits malandrins se complaisent dans une ville où ils alternent peine de prison et méfaits ordonnés par leur supérieur ? Moi, je ne crois pas. Je pense que la nécessité fait loi partout où il y a eu le renoncement des élus. Renoncement à des solutions plus complexes qu'une répression par principe -c'est à dire de l'application pure et simple d'une peine sans considération pour l'individu et sans moyen de l'aider à sortir de sa misère. Renoncement aussi à nos principes de liberté et de justice sociale, car ce n'est pas juste de simplement jeter aux geôles celui qui a besoin d'un accompagnement psychologique et d'être formé pour vivre une vie décente et méritante sitôt sa peine purgée. Renoncement enfin, à la dignité nos concitoyens. Oui, c'est cela va contre la dignité de vous, de vos vies, lorsqu'on laisse une justice injuste et inefficace s'appliquait, une justice qui rend la délinquance récidiviste presque éternellement, une justice dont ne ressort que rarement des individus sur le droit chemin.
Mais nous avons le pouvoir de changer les choses. Pour l'intérêt de chacun. Pour celui qui aura commis un délit ou un crime, qui mérite un accompagnement post-prison pour l'aider à ne pas sombrer de nouveau dans ses abus. Pour celui qui ne veut pas être la prochaine victime d'un délinquant qu'on aura abandonné à sa solitude et qui sera retombé dans la criminalité. Pour chacun qui refuse de souffrir de l'insécurité permanente parce que notre Gouverneur n'est pas capable de protéger, même les petits délinquants, de la voix de sirène de la malfaisance, à laquelle ils ont déjà été envoûté. L'irresponsabilité de notre Gouverneur pèse sur votre quotidien. En tant qu'honnête homme. En tant que potentiel fauteur, car nul n'est à l'abri de se tromper, mais lorsque nous n'appliquons pas la peine capitale, nous reconnaissons à celui qui s'est trompé, la capacité à pouvoir s'améliorer. Si nous ne pensions pas qu'un délinquant peut s'améliorer, nous le fusillerions. Seulement, si au lieu d'accompagner celui-ci on le laisse se faire corrompre ses capacités, alors on aura été irresponsable. Et aujourd'hui, Monsieur Rutherford est irresponsable.
Je défis quiconque, conservateur, progressiste, réformiste, vert, constitutionnaliste ou libertarien de me prouver le contraire. Personne ne pourra car je ne dis pas ma pensée, je dis le constat que chacun peut faire. Chacun verra que le problème de notre système judiciaire qui connaît un taux de récidive excessif, c'est le manque d'accompagnement pour la réinsertion post-carcérale, et chacun pourra constater qu'aucun Etat n'a fait le nécessaire ou n'a simplement essayé d'améliorer la situation. Mais il y a de nouvelles voix qui se lèvent, il y a de nouvelles volontés qui s'élèvent et qui réclament qu'enfin Justice soit faîte de fait et ne soit plus seulement la troisième grosse inscription sur nos mairies.
Ce n'est pas en tant que défenseur de mon Parti, ce n'est pas en tant que défenseur de mon siège, ce n'est pas en tant que défenseur d'un rassemblement et de mon nom sur la liste des candidatures progressistes, c'est en tant que défenseur de nos valeurs inscrites de notre Constitution, celle de tout un peuple, de toute une Nation, que je vous dis solennellement aujourd'hui qu'il faut se fédérer autour d'un projet commun. Et cela-ci doit s'intéresser aux vrais problèmes qui touchent au coeur notre vraie population en dehors de toute position partisane. Je n'en appelle pas aux deux millions trois cent mille électeurs progressistes qui ont voté pour moi lors des primaires, je n'en appelle pas aux deux millions quatre cents mille de Madame Barrett ou aux deux millions six cent mille de Monsieur Glassberg, j'en n'appelle pas aux trois millions sept cent mille électeurs qui ont participé aux primaires conservatrices, j'en appelle à tous les citoyens et citoyennes arcadiennes qui iront voter, j'en appelle à elles et à eux pour faire faire gagner lors de ses élections, un projet différent et un projet qui a des chances d'aboutir.
Quel a été la position de l'actuel Gouverneur sur la question ? Elle a été de dire que puisque Monsieur Glassberg a été élu, il fallait équilibrer en proposant des candidats du centre progressiste, parce que si on a des idées plus proches des conservateurs alors on a plus de chance de gagner, qu'il fallait se rassembler pour porter une projet qui avait une chance de gagner. C'est à dire que Monsieur Rutherford ne légitime sa candidature que par rapport à un pacte secret et implicite qui aurait été conclu à la suite des primaires pour les présidentielles mais aussi parce que lui, étant élu et étant centriste serait potentiellement plus éligible si on considère mathématiquement qu'un centriste peut récolter des voix à sa droite et à sa gauche alors qu'un plus radical ira forcément chercher moins de voix à droite et autant de voix à gauche donc, que par a+b, il aurait plus de chances de gagner. Il a concocté en ce sens, un programme éligible selon ses critères électoralistes. Voyez donc ce à quoi je m'oppose. Je ne veux pas pour mon Etat d'un projet qui soit éligible mais d'un projet qui efficace. Il ne m'importe pas de plaire mais de proposer et de défendre des idées nouvelles. C'est cela le progressisme, c'est d'anticiper l'avenir et non de renoncer à avancer et adapter sa politique aux évolutions nationales que l'on subit. D'un côté, il a Rutherford qui veut que notre Etat subisse le temps qui passe, de l'autre, je suis là à vouloir provoquer notre destin et à en avoir la pleine maîtrise.
Je n'ai pas écrit un programme pour qu'il plaise potentiellement à l'idée que je me fais de l'électorat arcadien, j'ai écrit un programme pour qu'il aboutisse à des améliorations concrètes dans la vie de chacun de nos concitoyens. Car je considère que s'adapter aux désirs de nos concitoyens, c'est subir les idées déjà établies et non les faire progresser, car s'adapter aux désirs de nos concitoyens, c'est bon pour le marketing d'un paquet de lessive. Or il me semble que vous n'allez pas désigner votre Gouverneur comme vous allez acheter un paquet de lessive.
Bien sûr, un projet qui répond aux attentes de chacun à toutes ses chances de remporter le scrutin, mais il n'aura pas été prévu pour ça. Et pour qu'il obtienne la majorité des voix, il aura fallu convaincre, il aura fallu prouver et défendre, c'est ça la politique. Ce n'est pas que de réciter une liste interminable de promesses douces à l'oreille.
La voix de la division c'est celle qui vous complaît et vous endort. La voix de la division, c'est celle d'un vieil homme de 75 ans qui continue à marquer de sa politique la profonde fracture sociale qui forge en notre Etat des inégalités qu'un pays de notre niveau ne peut pas supporter. Des pays moins riches que le nôtre ont des politiques plus égalitaires, plus justes, mieux appliquées. Cela veut dire que si nous, avec nos moyens qui sont supérieurs, nous les utilisions mieux, nous aurons de meilleurs résultats pour répondre aux attentes de chacun. Les attentes de chacun ce n'est pas d'avoir une belle voiture, d'avoir un hôtel particulier ou des clubs de golf. Mais de pouvoir gagner sa vie par son mérite. D'être libre et vraiment libre d'être méritant. Êtes-vous libre de mériter quand vous partez dans la vie avec une dette étudiante que vous ne rembourserez qu'après 50 ans de travail si vous dégotez un bon job, jusqu'à votre mort si vous arrivez à une période de chômage ou que vous êtes sous-employé, comme la grande majorité de nos compatriotes. Et même en supprimant un tiers de cette dette étudiante, vous êtes encore très loin de commencer dans la vie en système méritocratique. Or notre Constitution établit que nous avons le droit fondamental d'être libre de gagner notre vie. Aussi pour permettre à chacun d'avoir la liberté de gagner sa vie par son travail et ses études, il faut supprimer la dette estudiantine. Comment ? Mais en reconnaissant que la formation universitaire est d'abord une formation professionnelle. Les entreprises doivent payer à leurs employés des formations professionnelles sauf la première de celles-ci et la plus coûteuse. Ce que je propose c'est de se servir, très modestement dans les bénéfices nets de nos entreprises pour que l'université en Arcadia soit gratuite. Ce n'est pas qu'une question d'égalité des chances, c'est surtout une question de bon sens et de reconnaissance. Nos étudiants sont nos futurs travailleurs et chaque année d'étude qu'ils font est une année de formation professionnelle qu'une entreprise n'aura pas à leur payer. En cotisant, les entreprises s'évitent de lourdes charges plus tard, car si nous répartissons la formation de tous les étudiants sur toutes nos entreprises, alors le coût de formation par formation et par entreprise est réduit. Les entreprises ont moins à payer pour chaque salarié formé et en plus, elles assurent pour plus tard de la main d'oeuvre qualifiée. Du côté des étudiants, ceux-ci ne vivront pas endettés toute leur vie et la dette qu'ils avaient auparavant, ils la paieront en cotisation tout au long de leur carrière pour former les générations suivantes.
Il s'agit là d'un système plus juste et qui permet plus de liberté. Mais ce système fonctionne avant tout sur la confiance. Sur la confiance entre les hommes et sur la confiance dans le système économique. Ni les conservateurs qui placent leur confiance dans notre système économique, ni les progressistes qui placent la leur dans la fraternité humaine, ne me donneront tort pour ce projet-là. Et c'est normal, parce qu'il profite à tous, aux étudiants et aux entreprises. Les uns ne vivent plus toute leur vie avec une épée de Damoclès héritée pour avoir étudié, les autres en contrepartie d'une faible cotisation s'assurent pour demain des salariés mieux formés et moins coûteux. Seule la confiance rétablie et légalement établie peut permettre d'obtenir ce genre de contrat social donnant-donnant et surtout gagnant-gagnant.
C'est pas du socialisme, c'est pas du collectivisme, c'est pas de l'ouvriérisme. C'est du bon sens. Et vous n'avez pas besoin d'avoir votre carte au Parti Progressiste ou au Parti Conservateur, ou à tout autre pour avoir du bon sens. Chacun de vous à du bon sens, chacun de vous en a autant, c'est la chose la mieux répartie dans le monde disait un grand homme. Et chacun verra par ce bon sens que l'on peut progresser ensemble en ne subissant pas seulement ce que les autres sont capables de faire, mais en provoquant la nouveauté et en la concevant avant. Et en la concevant bien.
De même, pour l'école primaire et secondaire. Ce qu'il faut c'est une éducation gratuite car la formation délivrée est la première et l'essentielle formation professionnelle. Inculquer les compétences de langue, de logique, les bases historiques, méthodiques, méthodologiques et j'en passe, est la nécessité la plus totale à l'existence même de notre système économique. Que serait la Fédération-Unie remplie d'illettrés et d'analphabètes ? Que serait Arcadia sans la grandeur de son éducation répartie entre tous ses hommes ? Je ne souhaite pas faire dans la demi-mesure en allégeant à moitié les coûts de l'éducation, je ne souhaite pas faire dans le minable et l'insuffisant, est-ce que nos Pères Fondateurs se sont contenté d'écrire une demi-Constitution ? Ou ont-ils pris toute la vigueur nouvelle et la nécessité qui émanait des volontés naissantes pour accomplir la tâche la plus basique et la plus fondamentale de ce qui devint la Fédération-Unie ? Alors pouvons-nous seulement douter de vouloir faire ou non qu'Arcadia devienne enfin Arcadia ? Il en aura fallu du temps pour que notre Etat devienne ce qu'il devait être mais il en faudra encore pour qu'il devienne ce qu'il devra devenir. La liberté de pouvoir grandir dans un milieu où aucun de ses camarades de classe n'a de soucis d'argent et risque de partir, grandir dans un milieu enfantin et humain, n'est pas un supplément à notre civilisation, c'en est une condition que je souhaite bien graver dans le marbre une bonne fois pour toute.
De même que je ne souhaite pas faire dans la demi-mesure, je veux absolument un état social et un état protecteur de toute sa population et de ses droits. En cela, je ne me contenterais pas seulement de défendre l'avortement....d'ailleurs Monsieur Rutherford entend le consacrer plus que par la loi, peut-être va t-il créer un jour férié dédié à l'avortement où des chars festifs défileront dans les rues en montrant publiquement à tous comment se pratique l'I.V.G ?...enfin, je diverge...en cela, disais-je, je ne me contenterais pas seulement de défendre l'avortement mais surtout de défendre les femmes, les homosexuels, les transsexuels, les minorités ethniques, religieuses, et tout homme blanc constantin cisgenre hétéro également. Car il m'importe surtout de vous défendre et de défendre vos droits. Cette défense sera physique d'abord, oui, car il y a encore trop de violences dans nos rues et espaces privés, trop de viols, de passages à tabac, de fusillades et qu'il faut défendre les victimes de discriminations, celles qui ont porté plaintes, celles qui ont élevé leur voix et celles qui osent simplement assumer leur identité et vouloir vivre tranquillement. ll y aura une défense psychologique en développant les services de psychologie et d'accompagnement médical psychique parce que les taux de suicide ne devraient pas être aussi élevés dans un pays développés et que ces suicides touchent principalement les minorités notamment sexuelles, et la liberté ne peut tolérer pareil scandale. Alors oui, pour défendre vos droits et pour défendre les avancées sociales et sociétales, je le ferais ardemment et concrètement. Si on peut vivre tous ensemble selon nos coutumes propres et selon nos conventions sociales, c'est seulement dans le respect et ce respect qui est parfois bafoué ne doit pas être pris à la légère et ces victimes ignorées comme par Monsieur le Gouverneur actuel. Quand on introduit dans notre pays des coutumes barbares, des hiérarchies identitaires et des valeurs rétrogrades et liberticides, on ne peut le tolérer et il faut oser les combattre frontalement, alors osons.
Sur la question environnementale, je ne m'engagerais pas pour que nos forêts soient plus vertes, nos pommes plus juteuses, nos ciels plus bleus, nos foins plus jaunes et nos airs plus purs. Je le ferais concrètement comme tout mon programme vous l'a prouvé. Car ce que je veux c'est quelque chose qui ait un véritable impact pas un programme éligible. Sur la question économique, c'est pareil. Je créerais de l'emploi dans les secteurs importants comme l'accompagnement psychologique qui manque énormément, dans les services de réinsertion sociale, d'aide et de soutien scolaire, bref dans des secteurs qui sont, il faut le dire, oubliés par l'entrepreneuriat. Mais j'augmenterais également l'emploi dans la police et les forces de sécurité nécessaires à un maintien de l'ordre responsable. Nul ne peut nier que face aux violences, on ne se défend pas avec une fleur. Cela va peut-être étonner des milliers de gens de m'entendre dire qu'il faut plus de policiers dans nos rues. Mais on ne peut pas dans le même temps se plaindre de la violence policière en réclamant la disparition des forces de coercition et se plaindre de l'inaction policière face aux violences conjugales en réclamant l'augmentation de leur nombre. Moi, j'ai choisi mon camp, ça sera plus de protection et plus de professionnalisme pour la sécurité de tous. Car plus de policiers c'est plus de repos pour chacun et plus d'agents professionnalisés à certaines pratiques et à certains contextes. Les violences policières et le manque de rapidité pour intervenir en cas de violences conjugales, par exemple, proviennent du même problème ; pas assez d'agents, trop de fatigue et des agents qui sont placés à des missions auxquelles ils ne sont pas formés. Mon programme est la réponse rationnelle et pratique à nos problèmes du quotidien.
Pour les prochaines élections, il faut voter pour un véritable changement, pour que tout change. Pour que soient balayés l'électoralisme et la médiocrité et que soient placés à la tête de notre Etat, la raison et le bon sens. Il faut voter et il faut voter pour la seule liste qui porte en elle un projet commun que nul ne peut pourfendre que tout le monde peut défendre car il est l'expression de la défense des intérêts de chacun et des intérêts de tous dans le même temps et sur tous les sujets. Nulle haine, nul inhumanisme dans mes propositions malgré les caricatures qui en sont faites par de piètres caricaturistes. Le seul vote que vous devez déposer pour changer la face d'Arcadia et qu'Arcadia devienne Arcadia, à la hauteur de sa grandeur, il faut voter pour la liste Tillman soutenue par le Parti Progressiste !
Vive Arcadia !
Vive la Fédération Unie et nos frères et soeurs d'autres Etats !
Vive Arcadia !
Braden redescendit de la scène sous les applaudissements et les acclamations tandis que déambulaient parmi la foule ses colistiers. Passant la barrière de sécurité, il s'amassa aux côtes des premiers de rangée pour chanter l'hymne national interprété sur scène par des artistes locaux. Puis une fois que le supplice fut terminé, il salua quelques personnes à côté de lui, repassa la barrière, remonta sur scène pour serrer la main des artistes, le micro coupé.
Fit des coucous à la foule sur la place et redescendit par l'escalier de l'arrière. Derrière, il fit un briefing avec ses camarades et se fit sommairement blâmer pour ne pas avoir écouté les consignes de sécurité.