sam. 13 août 2022 19:30
Nicolas Edwards 204 Concession Speech
Windtown, Fort Oak
En ce jour tant attendu des résultats présidentiels, Nicolas Edwards avait passé la journée avec sa famille, pour une défaite qu’il savait presque déjà réalisée et dans l’objectif de réfléchir à l’avenir du Parti Progressiste. Selon toute vraisemblance, les résultats ne seraient pas une marée rouge, une débâcle historique ; un beau score lui assurait un avenir, un score historiquement bas une place dans les poubelles de l’histoire.
Étonnamment, le candidat progressiste n’était ni triste ni frustré : avec une campagne honorable, il n’avait pas forcément le sentiment de pouvoir faire mieux ! En parvenant à unir les différentes lignes du Parti Progressiste derrière lui - et en permettant indirectement à renforcer l’Aile Gauche -, les objectifs initiaux et réalistes qu’il s’était fixés pouvaient largement être remplis. Du panache et des honneurs, pour garder la tête haute. C’est donc après une campagne épuisante mais profondément enrichissante pour lui qu’il fit sa dernière apparition publique de la campagne, en allant voter dans l’urne d’Allentown - état où celui-ci était représentant dans le Richmond. Un sourire, des poignées de main et une chaleur humaine signe de confiance, dans l’objectif de montrer par les images la capacité de gérer les moments éprouvants.
Après cet instant médiatique, lui et ses proches filèrent vers Windtown, pour se rendre dans la résidence familiale et assister en petit comité aux résultats. Après son cancer, les liens étaient plus que jamais resserrés ; s’étant montré neutre durant la campagne et restant secret sur son vote, Patrick Edwards était présent aux côtés de celui qu’il admirait. Unis par les liens de la politique, par une même volonté de faire avancer la Fédération ; des pensées divergentes, mais toujours réunis par les liens de l’amour et de la solidarité.
Et très vite, les estimations lui parvinrent, avec des scores qui n'annoncent évidemment rien de beau pour le Parti Progressiste. Sa stratégie de campagne avait cherché les bastions, avec une tentative de prise de l’Etat de Rochester mais surtout l’objectif de ne pas reproduire les scores terribles de la précédente élection. Vaincre un Président en exercice était presque mission-impossible, mais il est tout à fait faisable de conserver sa crédibilité et l’honneur du camp progressiste. Alors et en attendant les résultats fatidiques, la pression commençait à monter dans le camp Edwards. Celui-ci s’était enfermé une heure dans une salle isolée, dans l’objectif de produire un discours de défaite écrasante - signe d’une fin prématurée de carrière -, et un discours de défaite méritante - signe d’une dynamique à insuffler à l’horizon des midterms -.
Quelques heures plus tard, le moment arriva : s’il ne s’agissait pas d’une défaite à l’arrachée contestable ou déshonorante pour le Président Caldwell, Nicolas Edwards conservait l’ensemble des bastions progressistes ! Tout en ne parvenant malheureusement pas à remporter Rochester - cette défaite était douloureuse pour le candidat progressiste qui croyait vraiment pouvoir gagner dans cet Etat -, les résultats restaient très nettement supérieurs à ceux de 199, en témoigne une Chambre des Représentants très similaire à celle des midterms, et qui permettait d’y espérer une victoire éclatante. La déception était bien volontiers remplacée par un soulagement, et un espoir qui peut perdurer pour les prochaines années.
De toute évidence, l’ensemble des progressiste va devoir progresser, prendre en expérience et en maturité pour espérer l’emporter. Il était temps de faire évoluer les codes, de ne plus se complaire dans une vision exportée de la nation et qui a depuis bien longtemps oublié les aspirations sociales et ambitieuses de ce parti. Les primaires et les présidentielles l’ont bien prouvé : il faut en finir avec l’héritage Howard, jeter ce bébé faussement progressiste et en profiter pour vider l’eau du bain.
Avec plus de 40% du vote populaire, l’ancien Speaker de la Chambre des Représentants ne pouvait pas ignorer ses militants déçus, se devait de remercier une dernière fois l’engagement de citoyens qui ont pu déjouer les prédictions initiales d’un séisme contre le Whip de la Minorité. Et puis, de grandes annonces pour l’avenir devaient être faites ! Alors et en signe de résilience, celui-ci convia généreusement l’ensemble de la presse à se rendre dans le dernier meeting du désormais ex-candidat progressiste, et désormais figure incontournable du Parti. Malgré le résultat, l’équipe de campagne avait utilisé une belle enveloppe pour mettre au point ce rassemblement et élaborer la logistique.
Ne s’étant pas encore positionné sur la scène, Nicolas Edwards se sentit assez mal en observant la sincère déception des militants et militantes, d’un espoir qui sans être annihilé était au moins amenuisé. Cette négativité, il comptait en faire un allié pour amener un nouvel élan, un nouvel espoir ! Alors et malgré des visages parfois abattus, il gardait le sourire et une fois que la salle était remplie, l’hymne fédéré put retentir à la gloire des institutions républicaines et en signe de respect du scrutin.
Malgré des sentiments contrastés, le public affichait son soutien à Nicolas Edwards en chantant avec lui, en faisant flotter les drapeaux du Parti Progressiste, et de la Fédération-Unie. Si le peuple avait pu les décevoir, le candidat les avait depuis bien longtemps convaincu. Touché par un soutien sans faille - y compris dans le pire moment, celui de la défaite -, il ne fit pas traîner son introduction et débuta immédiatement un discours qui se voulait concis, républicain et fédérateur.
Mes amis, mes proches et tous ceux qui se sont engagés de près ou de loin dans cette campagne, je vous remercie !
Ce soir, c’est avec une certaine tristesse mais également une réelle fierté que je m’adresse à vous. Je vois des visages parfois très familiers ; je ne suis pas persuadé d’avoir fait un si bon score si vous ne m’aviez pas soutenu. Et vous répondez encore maintenant présent ! Je tiens à féliciter sans tarder le Président Caldwell pour sa réélection, en espérant que son mandat serve le pays et non les intérêts de son camp. Il n’y a aucune contestation possible sur le résultat, le peuple a voté et la démocratie a prouvé une fois encore qu’elle savait fonctionner. Une belle campagne, un scrutin libre et à la hauteur de notre Fédération qui mérite le meilleur.
Ce résultat est une défaite qui vient conclure une bataille perdue, mais avec l’espoir de se servir de ce socle pour remporter la guerre. Durant des mois, certains progressistes, les conservateurs et la presse m'annonçaient futur victime d’une marée rouge : il n’en est rien. Nous savions que le contexte de tentative de réélection était très défavorable, mais nous avons sans nul doute préservé les fondamentaux et l’honneur de notre camp. Et nous allons ainsi pouvoir repartir plus fort.
En 199, notre candidate progressiste avait obtenu 7 grands électeurs, avec 72 000 000 des voix. Et qu’est-ce que cela a donné à la Chambre des Représentants ? Une claque sans précédent, avec uniquement 234 sièges sur les 565 disponibles. En 203, me voilà avec plus de 78 000 000 d’électeurs, le gain de l’ensemble des États historiquement progressistes - soit 57 grands électeurs -, et 257 sièges. Oui, il s’agit bien là d’un échec : mais je crois avoir prouvé à travers ces élections et les primaires que cette ligne nous permet de progresser, de faire mieux et d’espérer gagner les prochaines élections de mi-mandat. Notre camp a officiellement choisi sa ligne, celle d’un retour aux idées originelles du Parti Progressiste et d’ambitions sociales profondes !
Les élections présidentielles n’étaient pas le temps de la clarification et du bilan, mais il est maintenant temps de regarder ce qui a pu manquer, ce qu’il faut mieux faire pour que l’espoir retrouvé se transforme en victoire arrachée. Ensemble, nous devons admettre une réalité : le Parti Progressiste s’est figé depuis le mandat d’Howard, en délaissant progressivement toutes ses ambitions à un James Constant capable de dépouiller la ligne idéologique des “modérés howardiens”. Cette ligne est devenue tellement similaire de celle du Parti Conservateur, qu’on était légitimement en droit de se demander si elle n’était une ligne conservatrice. Et en se basant sur des héritages familiaux et parfois des tractations frôlant l’odieux, le parti est parfois tombé dans le népotisme le plus total !
Je n’ai pas peur des “héritages” complètement antidémocratiques, et je tiens à dire à ces familles politiques qu’elles ne bénéficieront plus d’un quelconque traitement de faveur. Un nom de famille ne vaut rien si la compétence et les idées ne suivent pas ! Ensuite et toujours dans cette volonté de bousculer un nid parfois gangréné par la crasse, je souhaite faire émerger dans notre camp de nouvelles têtes, une jeunesse bienvenue et qui pourra à coup sûr renouveler la doctrine idéologique actuelle digne des temps passés. Et puis, il est temps de faire l’inventaire de l'héritage Howard !
Je ne nierais jamais le bien que ce mandat progressiste a pu faire à ce pays, mais nous avons trop longtemps mis sous le tapis les nombreuses limites qui nous ont plongés dans l’état où nous nous trouvons. Rejeter les plus radicaux, préférer reprendre les textes des conservateurs et se positionner du mauvais côté en termes de politique internationale : tout n’a pas été réussi. Il s’agissait d’un mandat contrasté, entre bonnes choses et limites qui m’empêchent de me revendiquer de cette ligne, et qui me semble avoir permis une complaisance bien trop grande à l’égard de fidèles incompétents et frôlant l’indécence. Plus de totem d’immunité, pour une intégrité retrouvée !
Il est temps d’impulser un nouveau virage à notre camp, un “virage social” et qui n’accepte plus ni complaisance ni tolérance avec les valeurs de progrès social, de progrès environnemental et de progrès sociétal. La stagnation doit être notre pire ennemi, alors que cela a bien trop longtemps été notre marqueur. Dès aujourd’hui, des changements auront lieu dans notre corpus idéologique, dans nos investitures et dans l’intolérance avec toute forme de népotisme. Nous demandons l'exemplarité du peuple ? Il faut en attendre tout autant de nous, leaders politiques et représentants de nos concitoyens.
Ce nouveau virage ne peut se faire qu’avec l’appui populaire, qu’avec votre approbation et votre engagement. Un parti sert à représenter le peuple, alors il faut que cela vous emporte et modifie en profondeur votre quotidien. Les temps qui arrivent seront peut-être mouvementés, les éléphants n’apprécieront probablement pas que nous bousculions leur monopole. Mais en faisant cela, je ne souhaite que rétablir la notion d’intérêt général dans un Parti qui a pu être utilisé pour des intérêts personnels. En choisissant ma ligne d’union et de dépassement des clivages à la Chambre, puis en tant que gagnant aux primaires progressistes, c’est ce changement que vous avez approuvé. En votant pour moi et en permettant de progresser par rapport à 199, vous avez confirmé votre engagement pour cette nouvelle ligne - qui bien loin de choisir une “Aile”, préfère privilégier l’ambition et la compétence à la lutte des places -.
Après ce discours, je sais que certains pourraient être heurtés, réagir avec vigueur. Mais je tiens à anticiper un point absolument essentiel pour moi : les centristes sont membres du Parti Progressiste, et ceux qui privilégient la compétence à un quelconque héritage sont les bienvenus dans ce projet ! J’ai toujours affirmé le fait que je souhaitais l’union, et ce n’est pas maintenant que je basculerais dans la radicalité. S’enfermer dans un camp ultra minoritaire, dans le clivage est contre-productif ; s’engager pour le Parti Progressiste, c’est désormais s’engager pour réellement vouloir représenter son pays et non plus parfois ses intérêts ! De brillants progressistes - parfois qualifiés de centristes - ont pu par leur travail prouver cette qualité, et ce n’est pas parce que nous pouvons avoir des divergences que nous devrions nous empêcher de travailler ensemble pour notre pays. Nos différences sont notre force, tant que nous agissons avec intégrité et engagement sincère pour la Fédération.
Mes amis, j’aimerais conclure en vous félicitant encore une fois pour votre engagement à mes côtés, qui malheureusement ne s’est pas teinté de succès. Nous pouvons tout de même être fiers de nous, fiers d’avoir déjoué les pronostics ! L’enterrement progressiste tant annoncé ne se profile pas à l’horizon, et nous allons bien au contraire revenir encore plus fort. Désormais, notre mission va se dérouler au Congrès, pour tenter de travailler dans l’objectif d’améliorer ce pays ; je porte la responsabilité et l’initiative de ce virage, c’est en toute logique que je compte reprendre mes fonctions de Whip dans l’objectif de finaliser l’unification - jusqu’à l’unification programmatique - du Parti Progressiste.
Merci pour tout !
Après ce vibrant discours d’un candidat acceptant sa défaite mais tourné vers l’avenir, la foule semble un peu perdue, tiraillée entre l’envie de croire dans le tournant du Parti Progressiste et la déception toujours palpable d’une défaite - défaite teintée d’honneur -. Loin de se laisser abattre, Nicolas Edwards vient voir la foule, tenter de consoler les plus engagés et déçus tout en cultivant l’espoir, véritable mine d’or et d’engagement pour tous les politiques et ce depuis la nuit des temps. Un nouveau cycle s’engage, et Nicolas Edwards compte bien en être une clé de voûte !
Ancien Secrétaire d'État de la Fédération-Unie
Ancien Speaker à la Chambre des Représentants
Ancien Whip de la Minorité
Ancien Représentant pour l'État du Richmond