Linostra Restaurant

[Fédération-Unie]

Linostra Restaurant
L'une des plus belles tables de Benington depuis près de trois décennies, le Linostra se situe au cœur du downtown de la ville au sein de laquelle il est reconnu comme une institution, notamment pour ses spécialités naroisiennes révisées et combinées à la cuisine sealandaise.

[Angel Flórez]

Au cours de sa première campagne électorale, Angel Florez nouvellement homme politique s’était faite une alliée de poids dans sa lutte locale contre les conservateurs libertariens : Jane Howard, fille de la 42e Présidente de la Fération-Unie, première femme Speaker à la Chambre, et surtout : colistière actuelle de DLC au sein du ticket progressiste candidatant à la présidence. En effet, la femme d’Etat expérimentée qu’elle est s’était régulièrement opposée avec fermeté à William Taft, actuel gouverneur conservateur du Sealand, et candidat à sa réélection sous la même étiquette.

Ainsi, Angel avait décidé d’aller au culot, et de contacter la candidate à la Vice-Présidence afin d’organiser un dîner à Benington à l'approche du scrutin. L’objectif de cette rencontre était clair : préparer l’avenir commun du Sealand et de la Fédération-Unie.

Angel avait alors réservé une table au sein du Linostra, le restaurant le plus renommé et prestigieux de Benington, au sein duquel il avait ses entrées. Comme à son habitude, il arriva sur place incognito et sans escorte, ce, avec un quart d’heure d’avance - comme la courtoisie le préconise - et pris place attendant son invitée qui ne tarda point à faire son apparition. Il se leva alors, et la salua d’une poignée de main ferme et assurée, accompagnée d’un large sourire qu’il n’avait à forcer.

Madame Howard, ravi de faire votre connaissance ! C’est pour moi un honneur et un privilège de rencontrer une femme qui a tant fait pour la Fédération. Prenez place, je vous prie, nous allons pouvoir commander.

[Jane Howard]

Une fois la campagne électorale terminée, l’ancienne Speaker Jane Howard et probable future Vice-Présidente avait décidé d’accepter l’invitation du candidat progressiste au poste de Gouverneur. Après 16 ans de conservateurs de plus en plus à droite à la tête de l’État, elle espérait qu’Angel Flórez pourrait faire basculer l’élection, notamment pour ne pas avoir à diriger un Sénat trop conservateur.

Elle fut conduite au restaurant par le Secret Service dont elle avait retrouvé la protection à la faveur de la campagne, une première depuis son départ du poste de Speaker presque 8 ans plus tôt. Une fois entrée dans la salle, elle serra la main de son hôte et s’assit en face de lui.

Monsieur Flórez, le plaisir est partagé. Je suis très heureuse de rencontrer celui qui va enfin nous ramener l’État du Sealand que nous n’aurions jamais du perdre.

Tout en se saisissant du menu qu’elle commença à parcourir du regard, elle tenta de savoir ce qui lui avait valu l’invitation de Monsieur Flórez.

Dites-moi, vouliez-vous me parler de quelque chose de particulier en m’invitant aujourd’hui ?

[Angel Flórez]

Angel Flórez attendait cette question avec impatience, et s’était évidemment préparé à y répondre, ce qu’il fit tout naturellement.

En effet, Madame, ce dîner n’est pas une pure invitation de courtoisie, ce que j’aurais cependant grandement apprécié, mais je sais votre temps plus que précieux, notamment en cet intervalle à l’importance majeure, mon invitation est donc en effet motivée par une proposition.

Au-delà de l'espérance, il semble aujourd’hui qu’en adoptant une vision purement réaliste des choses, nous serons prochainement investis des charges auxquelles nous prétendons. Vous le savez aussi bien que moi, après les huit années de la Présidence Caldwell, et face à un radicalisme grandissant dans le camp conservateur, il sera nécessaire pour le Parti progressiste que la mandature présidentielle à venir soit un succès. Et bien que la victoire présidentielle soit probable, il n’est pour autant certain que l’intégralité des élus à Chambre voteront aveuglément en faveur du projet pour lequel vous serez élus à la tête de la Fédération-Unie.

Toujours, le Parti progressiste à fait face à des luttes intestines importantes, ne s’atténuant qu’en période électorale, et vous jugerez probablement nécessaire de légitimer votre programme aux yeux des représentants et sénateurs progressistes comme conservateurs modérés afin de vous assurer de leur adoption, et, plus encore, de leur pérennité. C’est une proposition visant à cette légitimation que j’ai à vous formuler…

À ces mots, l’un des serveurs du restaurant s’approcha de la table des deux personnalités d’État, et leur demanda leur choix, Angel y répondit alors.

Après une mûre réflexion, je prendrais les langoustines royales en entrée, votre pigeon à la naroisienne en plat principal, et la coque de noisettes d’Etoria comme dessert. Pour ce qui est du vin, nous prendrons un Domaine Mazaret La Grande 191, je vous prie. Et vous Madame, quel est donc votre choix ?

[Jane Howard]

Finalisant de ce décider entre tous les plats indécemment cher pendant que son interlocuteur passait commande, Jane parvint à arrêter un choix qu'elle put annoncer au serveur.

Pour moi, ce sera le flétan roti avec le risotto et la tarte aux pommes en dessert.

Une fois le serveur parti, elle put se replonger dans sa conversation.

En effet, nous sommes assez confiants quant aux chances de notre ticket et également de vos chances face au Gouverneur Taft. J’espère que nous obtiendrons également une majorité large à la Chambre, justement pour nous prémunir au plus des risques de division.

Parce que si le Congrès m’a énormément manqué, je dois avouer que les intrigues de salon menées par certains pendant mes 12 années de leadership avaient fini par m’épuiser. Certains élus étaient plus déterminés à torpiller la Présidente Howard qu’à accomplir de vraie chose. Ceci dit, pour l’essentiel d’entre eux, ils ont vu leur carrière politique prendre brutalement fin. Et le meilleur exemple ici c’est Marie Astor qui a tellement été plus occupé à ses querelles politiciennes qu’au bien des sealandais qu’elle a perdu avec 15 points de retard il y a quatre ans.

Enfin bon, je ressasse alors qu’il est temps de se tourner vers l’avenir et d’espérer que les progressistes seront plus disciplinés cette année. Mais quelle st votre suggestion ?

[Angel Flórez]

Après avoir tendu la carte du restaurant au serveur qui la réclamait, il reprit la conservation.

Rassurez-vous, Marie Astor est un exemple sur lequel j’ai appuyé ma stratégie de campagne concernant les choses qu’il était essentiel de ne pas reproduire. En ce qu’il s’agit de ma suggestion, elle est simple, mais pourrait à mon sens être un profond atout pour une Présidence progressiste à venir.

Ce que je vous propose, c’est de faire du Sealand un État d’expérimentation politique. Pour être plus précis, je vous propose d’adapter certaines des mesures fédérales que vous incluez dans votre projet à la structure étatique et aux compétences qui y sont liées afin qu’une réussite locale préalable de vos mesures puisse favoriser leur adoption au Congrès. Cependant, et vous le comprendrez sans nul doute, j’aurais besoin de garanties préalables, et d’une croyance personnelle positive vis-à-vis de ces mesures. En cela, je ne peux m’engager envers vous de l’effectuer envers toutes les mesures adaptables.

Néanmoins, il m’est d’ores et déjà possible de vous assurer que certaines des mesures phares du projet DLC-Howard pourraient être expérimentées au Sealand en vue d’une mise en place fédérale postérieure, vous évitant assurément d’avoir à faire face à un échec hypothétique de ces mesures, ou à un éventuel revers au Congrès. Pour en citer certaines dans une liste évidemment non exhaustive, je suis persuadé de pouvoir notamment dépénaliser la consommation, de la possession et de la production de cannabis ; lancer un ambitieux programme sealandais de recyclage ; mettre en place la gratuité des universités publiques ou encore montrer la voie aux autres États en soutenant votre proposition de démilitarisation des forces de police locale.

Je suis persuadé que vous voyez, comme moi, l’intérêt de cette démarche, n’est-il pas ?

[Jane Howard]

Je comprends le sens de votre proposition, oui. Mais ceci étant dit, les conservateurs ont rarement brillé par leur bonne foie ces dernières années. Je ne suis pas convaincue que leur prouver que quelque chose marche au Sealand les aidera vraiment à nous soutenir au Congrès par la suite. Et en plus, rien ne dit que la majorité dont vous disposerez dans votre législature d’État sera plus large que celle que nous aurons à la Chambre. Mais dans un sens, le Sealand est déjà un État d’expérimentation. C’est par exemple le seul État à avoir un système de couverture santé universelle depuis le Vice-Président Murphy et vous savez combien ce point compte pour la campagne Clement.

Alors même si je comprends les intérêts de votre suggestion, je pense qu’il sera difficile de les mettre en pratique, surtout si le Secrétaire Clement veut engager de nombreuses avancées rapides pour avoir un bilan à porter pour les élections de mi-mandats. Mais savoir que vous serez à nos côtés sur plusieurs questions où les compétences sont partagées est une excellente nouvelle, assurément. Mais pour tout ce qui est d’un grand accord global entre votre Administration et celle du Secrétaire Clement, il va de soi que vous devrez d’abord en parler avec lui car je n’ai pas reçu de mandat de sa part pour négocier quoi que ce soit.

[Angel Flórez]

Bien évidemment, et il est certain que j’aborderai également le sujet avec le Secrétaire Clement, cet entretien s’inscrit seulement dans une volonté d’engager de bonnes relations communes, qui seraient mutuellement profitables au Sealand et à la Fédération. Concernant vos réserves sur le soutien qui me sera apporté par la législature d’État, je peux vous assurer que je disposerai d’un soutien fort si la majorité progressiste y est claire. Je connais personnellement nombre des candidats progressistes investis au Parlement du Sealand, et ai eu à maintes reprises la possibilité de les convaincre de la pertinence de mon projet. En cela, je n’ai de doutes sur le caractère réalisable de ma proposition, je ne vous l’aurais pas formulée si je ne disposais pas de telles certitudes.

S’agissant de la volonté du Secrétaire Clement de voir certaines bases de son projet présidentiel adoptées par le Congrès avant les midterms, ce qui est également une nécessité à mon sens, il ne faut cependant nier que le projet présidentiel n’est pas forcément vu d’un bon œil par tous au sein du parti. Certaines mesures ne seraient pas assurées d’obtenir un franc soutien interne, pourtant nécessaire à l’adoption face à des conservateurs, qui, comme vous l’affirmez si bien, seront probablement particulièrement bornés. Je ne vous demande en rien de faire passer toutes les mesures par le Sealand au préalable, mais vous propose de le faire pour les mesures les plus contestées dont le rejet au Congrès risquerait de fragiliser la Présidence.

Si je m’entretiens avec vous au préalable, c’est notamment, car j’ai confiance en votre discernement et en votre capacité de jugement, si je désire obtenir un soutien de la Présidence éventuelle, je tiens pareillement à l’obtenir de votre part. D’autant qu’il sera plus aisé de présenter ce projet au Secrétaire Clement avec votre soutien qu’en vous outrepassant. Vous m’avez indirectement soutenu localement et je vous en remercie, considérez cet entretien comme un juste renvoi d'ascenseur. Je ne proposerai rien à David Leon Clement sans votre soutien.

[Dave Leon Clement]

Alors que Jane Howard dînait en (probablement) très bonne compagnie, Dave Leon Clement, candidat progressiste à la présidentielle, commençait à s'inquiéter de ne pas avoir de nouvelles de sa colistière, alors que le grand jour approchait, que toute l'équipe était sur le pont, et qu'on attendait de savoir si son dîner dans un restaurant - tellement bourgeois que ça en faisait frissonner David - allait être concluant.

[Jane Howard]

Monsieur Flórez, je ne suis pas convaincue de la pertinence de cette idée. Bien sûr, il y a de l’opposition au Congrès mais j’ai passé 12 ans dans le leadership à la Chambre et j’ai beaucoup d’expérience dans les longues négociations législatives. Et les modérés devraient être peu nombreux cette année, nous aurons peut-être même la majorité sans la conférence modérée.

Mais quels que soient mes opinions sur votre projet, je pense que vous devez vous sentir libre de le présenter au Secrétaire. Je ne suis que la prochaine Vice-Présidente, mon rôle n’est pas de filtrer les idées auxquelles le futur Président aura accès. C’est à lui de décider et donc si c’est ce dont vous aviez besoin, vous avez ma bénédiction pour lui soumettre votre projet.

La conversation alla alors sur quelques autres sujets, plus ou moins politiques ou plus ou moins personnels alors que les deux (probables) futurs élus faisaient connaissance. À la fin du repas, l’ancienne Speaker réclama l’addition qu’elle proposa de partager. Après avoir payé sa part, elle se leva et serra la main d’Angel Flórez.

Bien, Monsieur Flórez, ce fut un réel plaisir de vous rencontrer ce soir. J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir prochainement.

En quittant le restaurant, Jane regarda son téléphone et prit connaissance des nombreux messages qu’elle avait manqué. Elle alla en priorité prendre connaissance de celui de son futur patron, le Secrétaire Clement.